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6 raisons d’aller manifester dimanche en soutien aux réfugiés

Frédéric Apoyo Alors que le rassemblement parisien du 12 septembre, appelé notamment par BHL, sentait bon la récupération, ce dimanche 4 octobre à Paris est enfin organisée une grande manifestation de soutien aux migrants dans un cadre sans ambiguïté. Appelée par un large arc d'organisations du mouvement ouvrier, politiques et syndicales, et d’associations militantes, cette mobilisation (appel et affiche ci-dessous) doit constituer une réponse massive aux politiques impérialistes, réactionnaires et xénophobe qui sévissent aux quatre coins de l'Europe. Pour 6 raisons qui sont les suivantes.

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Pour qu’il n’y ait plus de petit Aylan

La photo du petit Aylan a fait le tour du monde, arrachant même quelques larmes de crocodiles à nos dirigeants. Mais une fois l’émotion passée, l’humanisme de façade des gouvernements impérialistes a rapidement laissé entrevoir de plus en plus ouvertement le caractère réactionnaire de leurs politiques. Quotas, fermeture des frontières, traque, l’Europe forteresse s’est vite claquemurée, inaugurant une poursuite et une accentuation des risques pour les migrants, qu’ils fuient la guerre ou la misère. Se mobiliser dimanche, ce sera contribuer au rapport de force pour stopper ces politiques destructrices.

Parce que nos divisions ne profitent qu’aux puissants

Aux quatre coins de l’Europe, deux voix se sont élevées pour commenter la crise des migrants. D’un côté, celle du respect du droit d’asile, et de l’ouverture des frontières symbolisé par le slogan « Refugees Welcome ». De l’autre, à l’opposé le discours abject de l’extrême droite, stigmatisant les migrants, tentant de créer l’illusion d’une invasion, et servant de fer de lance réactionnaire aux politiques impérialistes qui, s’indignant des paroles crument racistes des Orban ou autres Marine Le Pen, Merkel et Hollande-Valls au premier chef, ont pu s’auto-proclamer humanistes et par là invisibiliser la responsabilité de leurs politiques qui aggravent chaque jour la situation de ces exilés forcés, en plus d’être la source du chaos actuel, au Moyen-Orient comme en Afrique.
A marteler l’opposition entre les « bon migrants » (ceux qui fuient la guerre) et les « mauvais migrants » (fuyant la misère), ils ont d’emblée alimenté, et alimentent encore, le climat xénophobe et nationaliste ambiant qui fait d’une pierre deux coups, d’un côté divisant ceux qui subissent et triment en les montant les uns contre les autres, de l’autre se donnant toute latitude pour contrôler, fliquer, parquer et utiliser au mieux les lois sécuritaires existantes.

Parce qu’il faut refuser que la peur du lendemain ne soit instrumentalisée en peur de l’autre

A force d’avoir vidé les caisses des municipalités et des communes, d’avoir laissé s’ancrer l’idée qu’il n’y a pas assez d’argent en France pour accueillir les réfugiés, et que cela se ferait au détriment de nos pauvres « bien de chez nous », à force d’entretenir en permanence l’idée qu’« on ne peut pas accueillir toute la misère du monde », un nombre croissant de personnes a pu se laisser persuader que ces migrants allaient réellement être de trop et mettre en péril leur quotidien, déjà difficile, fait de chômage, de précarité, de boulots difficiles et mal payés.
Pourtant, quand il s’agit de renflouer les banques, de faire des milliards de cadeaux aux patrons (par exemple dans le budget de l’Etat prévu pour 2016), de recruter des soldats et de dépenser des sommes pharaoniques dans des interventions militaires, l’argent ne fait plus défaut. C’est ce climat qui permet aux plus réactionnaires de se sentir pousser des ailes, et même à ceux qui ne sont pas officiellement d’extrême-droite, à l’image des Sarkozy et Fillon, de travailler chaque jour un peu plus sur son terrain, et à leurs acolytes comme Nadine Morano, de pouvoir ressortir les discours les plus ignobles qui soient sur la « race blanche » que les migrants menaceraient.

Pour dire non aux frappes en Syrie

Pour mettre fin au migration des populations fuyant la guerre, les puissances impérialistes européennes, France en tête, ont la solution miracle : bombarder la Syrie ! Sous couvert de lutte contre Daesh, les dirigeants européens tentent par la force de rétablir une situation assez stable pour que leurs intérêts économiques ne pâtissent pas plus longtemps de la situation chaotique qu’ils ont eux même engendré, quitte à se rabibocher avec la Russie de Poutine mais surtout avec le dictateur Bachar Al-Assad. Pour eux, le bain de sang qui en résulte est anecdotique, un simple dommage collatéral. Outre le fait que cette « solution » ne réglera pas la situation de crise migratoire et l’aggravera – et le simple bon sens suffit pour comprendre que des gens fuyant la guerre fuiront toujours s’ils sont bombardés plus intensément –, elle maintient et assoit de fait les politiques impérialistes qui sont la source même de l’exil de millions de Syriens, Irakiens d’Erythréens, et de tant d’autres. Les manifestations de ce week-end doivent briser le silence complice qui règne en maître autour de ces frappes en Syrie.

Parce que si les marchandises circulent, pourquoi pas les personnes ?

Le système capitaliste, par la mondialisation, abolit dit-on les frontières. Pour les flux financiers et commerciaux oui, sans aucun doute. Aucun problème de circulation pour les patrons qui sont aussi libres que leurs capitaux d’aller n’importe où sur la planète. En revanche quand ils s’agit de personnes, la stigmatisation des « migrants économiques » démontre seulement que leur liberté n’est tolérable que si c’est pour servir de main d’œuvre encore plus surexploitée que n’importe quelle autre. L’espace Schengen, déjà bien idéalisé, est aujourd’hui explicitement remis en cause au sein de l’UE, et les frontières extérieures de cette dernière deviennent des murs de plus en plus infranchissables, conduisant à d’innombrables situations dramatiques, de la Méditerranée au tunnel sous la Manche, en enchaînant des couches de nationalisme toutes plus nauséabondes. Les hot spots et autres camps de réfugiés aux conditions inhumaines dévoile au grand jour le visage réel de ce système basé sur le profit et l’exploitation, raciste et xénophobe.

Pour montrer qu’en France aussi on sait être solidaires

Dès le 31 août 20 000 personnes s’étaient réunies à Vienne en Autriche en soutien aux réfugiés. A Londres c’est plus de 100 000 personnes qui ont défilé en scandant « Refugees Welcome » le 12 septembre. Et en France ? Environ 10 000 à Paris le 5 septembre, soit bien moins que ce qui se revendique traditionnellement dans l’hexagone en matière « d’humanisme » et de tradition de l’asile politique. Le climat intensément réactionnaire de la dernière période n’y est évidemment pas pour rien. Bon an mal an, nos gouvernants se sont bien retrouvés à devoir faire un petit geste. Hollande promettant l’accueil de 24 000 réfugiés, tandis que certaines universités ont annoncé en grande pompe l’inscriptions d’étudiant-e-s réfugié-e-s, ou que certaines mairies ont annoncé vouloir accueillir, justement, de « bon migrants ». Cette solidarité minimale et sélective a été forcée par l’émotion déclenchée par la photo du petit Aylan, mais aussi par ces manifestations d’ampleur dans d’autres grandes villes européennes.

La nécessité de grandes manifestations dans et en dehors des frontières européennes, sera indispensable pour « contrer » la déferlante de haine et de xénophobie qui sévit depuis le début de cette crise migratoire. Et il est crucial indispensable pour ce combat par-delà n’importe quel mur que la France soit le siège d’une telle contre-offensive, dans la rue, les écoles, les facs et leslieux de travail. Plus que jamais, la voix d’un oui massif à l’ouverture des frontières et à la liberté de circulation doit porter loin. Pour ces raisons, comme pour bien d’autres, rendez-vous dimanche à 15 heures place de la Bastille afin d’adresser le message de solidarité massif nécessaire pour faire face aux politiques réactionnaires et xénophobes ! De l’air, ouvrez les frontières !

Appel à la manifestation de soutien aux migrants 4 octobre 2015

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