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Anasse Kazib 2022

500 parrainages : une règle antidémocratique au service des partis du régime

Officiellement instituée pour éviter les candidature folkloriques en faisant approuver les candidatures par des représentants des électeurs, la règle des 500 parrainages est profondément antidémocratique et représente un obstacle d’importance pour les « petits candidats ». Face à ce verrou institutionnel, Anasse Kazib doit pouvoir se présenter à l’élection présidentielle.

4 février 2022

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Le système de filtrage qui consiste à faire approuver les candidatures par des représentants des électeurs fait partis des règles parmi les plus antidémocratiques de la Vème république.

Sauf à considérer que limiter le nombre de candidats en éliminant d’avance les petits est démocratique, sa fonction est assumée explicitement par le très neutre vie-publique.fr : « Le filtre des parrainages vise à éviter des candidatures trop nombreuses à l’élection présidentielle et d’écarter les candidatures fantaisistes ou de témoignage. »..

En substance donc, seuls les gros bataillons doivent avoir voix au chapitre. C’est déjà problématique en soi. A celui-ci s’ajoute celui du fonctionnement même de la règle des 500 parrainages. Officiellement, il s’agit d’un système fait pour éviter les candidatures folkloriques, peu sérieuses en faisant approuver les candidatures par des représentants des électeurs. Le problème, c’est que ces représentants représentent en réalité peu la population française, car la Vème République est un régime particulièrement anti-démocratique

Des élus démocratiquement ?

Il y a tout d’abord les députés et les conseillers départementaux. Ceux-là sont élus, comme le président, au suffrage uninominal majoritaire à deux tours. Le mode de scrutin qui, par excellence, exclut les positions minoritaires. Par exemple, lors des législatives de 2017, alors que LREM obtient 46% des suffrages au second tour, elle s’est retrouvée avec 63% des sièges (306). A contrario, LFI avec 4,86 % des voix n’en obtiendra que 2,9%, soit 17 sièges. Peu importe ce qu’on pense de ces partis, un mode de scrutin qui renforce artificiellement les grands et enfonce les petits n’a rien de démocratique.

Du coté des régionales et des municipales, le bilan n’est guère plus reluisant. Les élections y sont « proportionnelles » mais avec une prime majoritaire. Ainsi aux municipales, la liste qui arrive en tête se retrouve instantanément accorder 50% des sièges. Seuls les 50 pourcents restants sont répartis proportionnellement aux résultats (ce qui finit de compléter la majorité toujours écrasante du vainqueur). Ici encore les formations majoritaires sont surreprésentées par rapport aux voix exprimées.

Avec les contingents d’élus qu’ils réservent systématiquement au grands partis, ces modes de scrutins garantissent à leurs candidats un boulevard pour l’élection présidentielle.

Des élus représentatifs ?

Qui plus est, parmi les potentiels parrains, tous ont le même poids. Par exemple, le parrainage d’un maire élu par 50 habitants vaut le parrainage de celui d’une commune de 50 000 habitants. Qu’importe la population de sa circonscription, le soutien d’un élu équivaut à un parrainage.

Or 75% des communes du pays ne se répartissent que 11 millions de personnes. Les 58,2 millions de français restants habitent dans le 25% restant des plus grosses communes. Dans ces conditions, la recherche des parrainages tourne carrément le dos (aux trois quarts) à pas moins de 85% de la population.

Ajoutez à cela le fait que les classes populaires, les ouvriers, les employés, les professions intermédiaires, habitent majoritairement dans les grandes agglomérations et que, de l’autre côté, artisans, commerçants et agriculteurs sont surreprésentés dans les petites communes rurales, et vous avez le cocktail parfait pour avoir l’image la moins fidèle possible de ce qu’est la société française sur la ligne de départ de la présidentielle.

Conséquence de cela, en termes de représentativité, la population des maires est une aberration absolue : 65% ont plus de 60 ans (alors que les plus de 60 ans ne représentent que 27% de la population).

79% des maires sont des hommes.

Socialement, 17,6 % sont agriculteurs (alors qu’il représentent 1,4% de la population active). 44% sont cadres, artisans, commerçants, chefs d’entreprises ou exercent une profession libérale (contre 27% dans la population active). Quant à la classe ouvrière au sens large, en prenant les ouvriers, les employés et le professions intermédiaires (ce qui, en prenant les catégories de l’INSEE, représente 70% de la société), elle n’est plus que 34% au niveau des maires.

On ne comptera pas sans nous

Il y a beaucoup de raisons pour lesquelles l’élection présidentielle est antidémocratique avant même de commencer. Ce que la règle des 500 parrainages met bien en lumière c’est à quel point les partis institutionnels clôturent totalement l’élection. Là où les grands partis n’ont qu’à lever le petit doigt pour récolter des centaines et des centaines de parrainages de maires encartés aux ordres. Une candidature ouvrière comme celle d’Anasse se voit confrontée à un obstacle sur mesure.

Chantage aux subventions, pression du conseil municipal, tout est fait pour empêcher les maires de sortir du droit chemin. C’est un véritable parcours du combattant auquel s’affrontent les petits partis quand, non content de rafler toutes les places, les élus des grands partis ne se privent pas pour faire pression sur les maires non encartés qui pourraient, eux, faire un geste démocratique.

Et même quand un petit candidat arrive à se présenter, il aura du dépenser énormément de temps et d’argent pour trouver ses parrainages. Des moyens qui ne seront ni alloués aux meetings, ni aux affiches, etc. servant à convaincre les gens de ses idées.

Pourtant, s’il doit y avoir des candidatures qui représentent vraiment la société et qui méritent d’être sur la ligne de départ ce sont bien celles-là. Face à ceux qui déclarent qu’en politique il existe une « égalité des chances », la règle des parrainages constitue un sérieux rappel quant au fonctionnement de la « démocratie bourgeoise ».

La présence d’Anasse Kazib, malgré les efforts militants et financiers consentis, n’est pas à ce stade pas garantie. Nous appelons tous les élus qui pensent qu’Anasse Kazib a sa place dans ces élections présidentielles à parrainer sa candidature.

Cheminot, travailleur aux 3-8, figure de proue des luttes qui se sont succédées depuis 2016, fils de chibani et petit-fils de tirailleur marocain ayant grandi dans la cité rose de Sarcelles et à l’initiative de plus d’une dizaine de meetings qui ont fait salle comble depuis plusieurs mois, il est l’un des visages d’une nouvelle génération militante qui rassemble le combat contre un système capitaliste profondément injuste et la lutte contre le racisme, le sexisme et la destruction de la planète. Malgré le verrou démocratique, Anasse Kazib doit être de l’élection présidentielle.


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