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Education Nationale : un microclimat pro-Blanquer ?

50 proviseurs et CPE demandent dans une tribune l’arrêt des blocages

Hier, sortait dans Le Monde, une tribune signée par 50 proviseurs et CPE pour demander l’arrêt des blocages devant les lycées et collèges. Des actions qui ont cours depuis le début du mois de décembre contre la réforme des retraites et qui se sont multipliées avec la mise en place des E3C, nouvelles épreuves du Bac Blanquer. Si ces administrations ont reçu la consigne de tenir coûte que coûte les épreuves face à la mobilisation, elles jouent en définitive le rôle de rempart pour un ministre délégitimé et montrent à quel point la crise est grande dans l’éducation.

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Crédit photo : F3 Occitanie/Mélodie Stewenson

Sous prétexte de vouloir le calme et que les blocages entraveraient la « liberté d’étudier et de travailler », 50 proviseurs et CPE ont décidé de sortir une tribune pour dénoncer la mobilisation en cours dans leurs collèges et lycées. Rappelant « l’illégalité » des actions menées par les professeurs, élèves et soutien pour empêcher les E3C, l’administration de différents collèges et lycées a signé son allégeance à Jean Michel Blanquer

La mobilisation des professeurs et de la jeunesse est en hausse

Avec l’arrivée des E3C, ces épreuves du bac mises en place par Blanquer et qui sont très mal préparées la mobilisation dans les lycées a fortement augmenté. Par exemple, ce matin au lycée Maurice Ravel, les sujets n’avaient pas été étudié en cours et les lycéens ont tout simplement décidé de sécher les épreuves. Dans certains lycées, des retraités ont été appelé pour surveiller les épreuves et dans d’autres elles ont dû être reportées tant la mobilisation est importante. Inégalités, amateurisme, manque de préparation tout concorde pour affirmer que ces épreuves n’ont pas lieu de se dérouler dans ces conditions.

La colère dans l’enseignement public grandit contre une réforme des retraites précarisante et des réformes qui ne font que détruire le service public et qui sont conduites sans consultation du corps enseignant. Après la grève du bac de l’année passée, une nouvelle mobilisation a enflammé les établissements contre les E3C et celle-ci se fait conjointement avec les lycéens. Une mobilisation qui fait peur à un gouvernement qui pensait en avoir fini avec la grève et qui se retrouve face à face avec la subversivité d’un nouveau secteur. Ce dernier n’est pas prêt à se laisser faire et l’a bien montré à ceux qui cherchent à le contenir : les chefs d’établissements.

Dans leur tribune ces derniers tentent de se faire passer pour les pacifiques de l’histoire alors que depuis des semaines ils jouent le jeu du gouvernement, appellent la police qui réprime violemment les blocages et utilisent la pression administrative contre la mobilisation. Soi-disant « à contrecœur », comme ils l’écrivent dans leur tribune et pour assurer le « maintien du service public d’éducation et de la mission d’accueil de l’école de la République ». Mais ce sont les professeurs et leurs élèves qui mènent chaque jour la lutte pour empêcher le démantèlement du service public d’éducation face aux réformes néolibérales du gouvernement et non pas les directeurs d’établissement qui cherchent à contenir cette lutte exemplaire.

Pour les citer « Aucun élève ne doit rester sur le trottoir, aucun personnel ne doit être empêché de travailler : c’est une condition nécessaire pour que vive une réelle expression démocratique. » Mais quelle « expression démocratique » offrent ils lorsqu’ils répriment férocement la mobilisation. Soi-disant attachés aux « plus vulnérables » alors qu’ils critiquent le combat de ceux qui cherchent à empêcher l’accroissement des inégalités dans l’éducation, l’administration des lycées et collèges montre son vrai visage tous les jours sur les blocages.

Répression administrative, violences policières : les « valeurs républicaines » des chefs d’établissement

De fait, il ne fallait pas s’attendre à plus de soutien de la part de ces chefs d’établissements qui appellent la police et la laisse réprimer violemment les élèves et professeurs devant les lycées. Comme à Hélène Boucher où des lycéens ont été gazés pour avoir voulu protester contre la réforme des retraites et du bac. Dans ce lycée, des rassemblements ont été organisés pour protester contre les violences subies par les lycéens, où parents et professeurs s’étaient liguées contre la direction. Et les cas de violences policières sont très nombreux, comme à Chalon sur Saone ou Angers.

Au lycée Aristide-Bergès de Seyssinet-Pariset, la proviseure a ainsi appelé les CRS pour débloquer l’établissement.

Dans les lycées de banlieue la violence que fait subir la police, envoyée par les proviseurs est d’autant plus importante et à vocation à empêcher tout départ de feu dans la jeunesse, pourtant très en colère contre la politique menée par le gouvernement. On se souvient par exemple de l’image terrible des lycéens agenouillés à Mantes La Jolie. De fait, les mobilisations sont de plus en plus importantes dans les lycées et ces chefs d’établissement sont aujourd’hui ceux qui permettent au gouvernement et particulièrement au ministre de l’éducation hautement délégitimé de tenir. A coup de répression administrative comme à Charlemagne à Paris, avec des lycéens en conseil disciplinaire ou encore à Jules Guesde à Montpellier où les lycéens ont été convoqués avec leurs parents après un blocage -> https://www.revolutionpermanente.fr/Blocage-de-lycee-a-Montpellier-une-repression-administrative-importante-touche-les-lyceens. Mais la pression exercée par les proviseurs va au-delà, certains s’en prenant eux-mêmes aux bloqueurs, comme à Paul Valéry, où le proviseur avait fait tomber un élève bloqueur d’une poubelle.

Les professeurs sont également fortement réprimés par leurs supérieurs, qui n’hésitent pas, à l’appel du ministère de Blanquer, à réprimer administrativement les professeurs. Mutations, procédures disciplinaires, tout est bon pour les empêcher de se mobiliser. C’est Blanquer lui-même qui annonçait ses mesures déjà au moment de la grève du bac 2019 et qui continue d’appeler à des sanctions. Au lycée de Montbrison, la proviseure a même porté plainte contre des enseignants mobilisés.

Patrons, chefs de dépôts ou d’établissement unis contre la grève

Depuis le début du mouvement de nombreux professeurs ont été mis en garde à vue pour avoir bloqué des bus ou participé à des manifestations et J.M Blanquer profère des menaces toujours plus importantes contre ceux qui voudraient se mobiliser. Dans le même temps qu’il tente de faire croire que la mobilisation est minime, il cherche à la faire cesser avec un discours sur les vertus de la démocratie ou par la répression. Ceux qui appliquent et font en sorte de faire cesser la mobilisation ce sont les chefs d’entreprise, de dépôts et aussi d’établissement ?

Dans la droite lignée de la casse de l’éducation publique, le secteur de l’éducation nationale se voit de plus en plus gérer comme une entreprise, la pression et la répression de petits chefs décomplexés annoncent l’application des logiques managériales. C’est aussi contre cela que s’élèvent les profs aujourd’hui ; la perte de sens d’un métier où il ne faudrait plus qu’évaluer et répondre aux injonctions contradictoires, bien loin de l’apprentissage et l’éducation, ils réaffirment dans leur lutte aujourd’hui et face à la mise en application des reformes Blanquer et notamment des E3C que l’éducation n’est pas une entreprise et que le savoir n’est pas une marchandise.

Alors même si cette tribune n’a rien d’extraordinaire elle révèle une crispation plus profonde entre un secteur qui a choisit de relever la tête et de défendre l’éducation publique de qualité et un autre qui vient se faire le relais d’une politique néolibérale.

Au même moment que ces proviseurs répriment les professeurs et élèves mobilisés, dans les dépôts, où la grève a duré plus d’un mois et demi déjà, les directeurs convoquent des conseils disciplinaires pour les grévistes. Ahmed à Flandres ou encore des grévistes de Vitry, dont un qui a tenté de mettre fin à ses jours ce matin sous la pression de sa direction, tous sont victimes d’administrations féroces au service de la bourgeoisie et du gouvernement et prête à tout pour cesser le mouvement social et casser la grève. Pour briser la lutte tout est bon et surtout délégitimer son caractère progressif au travers d’un discours fallacieux autour de la démocratie, comme font ici dans cette tribune les directeurs d’établissements.


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