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Tout augmente sauf nos salaires !

+50% de profits en 2022 : quand Engie s’engraisse sur la hausse des prix du gaz

Alors que les classes populaires paient l’inflation, subissant entre autres l’explosion des prix du gaz, Engie, principal fournisseur de gaz français, a fait des profits records ce trimestre en comparaison à il y a un an. Une donnée qui remet en lumière l’enrichissement de certains sur la précarité énergétique d’autres, et donc la nécessité de prendre sur ces profits pour geler véritablement les prix et augmenter les salaires.

Olga Hagen

17 mai 2022

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Crédits photo : CHRISTOPHE SIMON / AFP

La plus forte progression du CAC 40

L’augmentation des prix sur les énergies et notamment sur le gaz suite au conflit ukrainien et aux sanctions économiques n’aura échappé à personne… mais profité à Engie. Principal industriel énergétique français, le groupe a vu ses profits augmenter de +50%, soit 4,6 milliards d’euros, en seulement un an.

D’après l’AOF, Engie signe « la plus forte progression du CAC 40 ». « Toutes nos activités ont affiché une forte croissance lors de ce premier trimestre 2022 », indique la directrice générale d’Engie, Catherine MacGregor, citée dans Les Echos. Ainsi, les prévisions pour 2022 sont donc revues à la hausse et se situent maintenant entre 3,8 et 4,4 milliards d’euros.

La cause ? La flambée des prix du gaz, notamment depuis la guerre en Ukraine. Depuis le début du conflit, la volatilité des prix a été multipliée par vingt en moyenne : avec la baisse de production et/ou d’exportation, le gaz se raréfie, et les concurrents augmentent leurs prix.

En effet, Engie est un revendeur de gaz. Les prix augmentant continuellement, il a pu faire des profits records entre achat et revente, et même revendre son gaz à d’autres pays européens. Les Échos expliquent que « L’activité de trading de gaz et d’électricité voit ses bénéfices bondir de plus de 400 millions, Engie profitant d’une « volatilité accrue » des prix de marché […] et des différences de prix entre pays européens. Le groupe a pu revendre à bon prix une partie du gaz qu’il a acheté, car les températures clémentes en France cet hiver ont réduit la demande. »

« On n’a pas les poches pleines ! »

Certains pays envisagent donc une taxation exceptionnelle sur les profits des groupes d’énergie, comme l’Italie ou la Belgique. Mais si la question n’a pas encore été posée pour Engie, elle affole déjà le patronat qui commence à justifier des sorties d’argent, déclarant avoir acheté du gaz plus cher que la normale en début d’année, et devoir faire l’avance du gel des prix, amputant sa trésorerie de 500 millions d’euros en ce même semestre. « Nos bénéfices n’ont rien à voir avec ceux de Total, on n’a pas les poches pleines ! » se défendent les patrons de Engie. Une farce lorsque l’on regarde leurs profits croître de manière exponentielle. Et la somme de leurs sorties financières semble être loin du compte...

La crise écologique, elle aussi, a bon dos, puisque le groupe déclare avoir « besoin d’argent » pour accélérer les investissements dans des énergies renouvelables et développer l’indépendance énergétique de la France. Une farce là encore, lorsqu’on sait que Engie rejette sciemment 2,5 millions de mètres cubes de gaz dans l’air par an dans une pure logique de rentabilité.

Ce n’est pas aux classes populaires de payer la hausse des prix : il faut prendre sur les profits pour (vraiment) geler les prix, et augmenter les salaires !

Ces plaintes sont insupportables de la part de ceux qui n’ont pas engrangé autant de profit trimestriel depuis 2013, quand on sait que les classes populaires, elles, peinaient à se chauffer cet hiver faute de moyens. La directrice générale de GRDF a même osé préconiser de « baisser le chauffage pour l’hiver 2022-2023 », tandis que Bruno Le Maire appelait la population début mars à « faire un effort ».

Mais ce n’est pas aux travailleurs de payer la hausse des prix. Comme vu plus haut, les profits sont bien là, et ils battent des records. Il n’est pas question que les classes populaires fassent « des efforts » alors qu’en 2021 déjà, 60% des Français restreignaient leur consommation pour limiter leur facture énergétique.

À l’inverse, c’est au patronat qui engrange des superprofits de payer la crise. Il faut réquisitionner ces superprofits pour geler les prix pour de bon - sans que cela se répercute sur nos factures une fois la mesure levée -, supprimer la TVA sur le gaz puisque l’énergie est un bien de première nécessité, et surtout, augmenter les salaires !

Si de nombreuses grèves ont éclaté en ce sens ces derniers mois, il est fondamental de proposer un réel plan de bataille qui cherche à coordonner et étendre ces luttes pour constituer un rapport de force, en défense des salaires et du pouvoir d’achat. Depuis la crise, les prix du gaz, mais aussi de l’essence, de l’électricité, et de l’alimentaire augmentent sur le dos des travailleurs. Pourtant, le salaires, eux, n’augmentent pas : c’est au patronat et à ses profits historiques de payer !


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