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Liberté de la presse

48h de garde-à-vue pour Gaspard Glanz : abandon immédiat des poursuites

Arrêté au cours de l'acte 23, le journaliste indépendant fondateur du Taranis News a passé 48 heures en garde-à-vue, avant d'être déféré en début d’après-midi devant le procureur de la République, pour une convocation ultérieure au tribunal.

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Interpellé au cours de l’acte 23, le samedi 20 avril, les images ont ensuite largement circulé sur les réseaux sociaux : on y voit Gaspard Glanz interpeller un policier suite à l’explosion d’une grenade : « il est où le commissaire ? On m’a tiré dessus avec une grenade ! », avant d’être bousculé avec force par un policier. Sous le coup de la colère, ce dernier réplique par un doigt d’honneur. Retournant auprès des manifestants, un policier le charge avant que d’autres ne le rejoignent et interpellent le journaliste pour « participation à un groupement en vue de commettre des violences ou des dégradations » et « outrage sur une personne dépositaire de l’autorité publique ».

Toutefois, bien que le geste de Gaspard Glanz tombe effectivement sous le coup de la définition de l’outrage, prévu par l’article 433-5 du code pénal, plusieurs problèmes sont à relever dans cette interpellation – ainsi que dans la prolongation de la garde-à-vue de Gaspar Glanz, des problème relevant directement de la liberté de la presse et des droits démocratique.

Le premier consiste tout d’abord dans la stratégie de tension et d’escalade sans précédent des forces de police, qui n’ont eu de cesse d’harceler et aller au contact des manifestants tout au long de la manifestation. « Des gilets jaunes qui insultent des policiers, il y en a tout le temps, et il ne se passe souvent rien du tout, témoigne Nicolas Mercier, le journaliste de Hors Zone Presse qui a filmé la scène. Là, on a un journaliste, reconnaissable à sa tenue, qui reçoit visiblement une grenade, et fait un doigt d’honneur après avoir été bousculé, alors qu’il demandait des comptes au commissaire ».

Maxime Reynié, photographe indépendant, décrit par ailleurs une situation de tension importante, largement entretenue par les forces de police : « Les forces de l’ordre chargeaient de partout, les policiers étaient en petits groupes, ils chargeaient et interpellaient rapidement (…) Il y avait des charges violentes de la part des policiers en civil, de la BAC, des policiers avec des casques de moto... On ressentait de la fatigue physique et psychologique des deux côtés ».

Plus encore, la répression a particulièrement frappé les journalistes : « le journaliste photographe Alexis Kraland a également été placé en garde à vue pendant huit heures. Par ailleurs, le même jour, le journaliste Tristan Goldbronn a été brutalisé par la police », rappelle le site Reporterre. Des tentatives d’intimidation dénoncées par le Syndicat National des Journalistes (SNJ), en effet selon Vincent Larnier du SNJ il s’agit d’une « volonté déterminée d’intimider » certains journalistes.

Ensuite, il est surprenant, au vu du nombre constant d’insultes échangés de part et d’autre, surtout du côté des policiers, qui ne se privent pas d’humilier en plus de réprimer physiquement les manifestants, que l’outrage ait constitué un motif suffisant pour justifier une arrestation de Gaspard Glanz.

Mais plus profondément, c’est l’autre motif servant à justifier sa garde-à-vue qui est problématique, celui de « participation à un groupement en vue de commettre des violences ou des dégradations ». Or, comme le dénonce Raphaël Kempf , avocat de Gaspard Glanz dont les propos sont rapportés dans un article du Monde, ce motif est assez vague pour que tout acte jugé répréhensible tombe sous sa définition : « Le motif de participation à un groupement en vue de commettre des violences ou des dégradations est un délit qui punit une intention et non pas des actes. Gaspard Glanz, comme des milliers de manifestants, est mis en cause en raison de ce texte et nous espérons que celui-ci sera abrogé ».

La mise en garde-à-vue a clairement un caractère politique, outre qu’il a participé, via Taranis News, aux premières révélations vidéo concernant l’affaire Benalla, Gaspard Glanz est un journaliste indépendant et militant, qui n’a eu de cesse de dénoncer les violences policières systémiques et s’est forgé une réputation de média indépendant du côté des mouvements sociaux en lutte. Fiché S, le journaliste plusieurs fois interpellé, voire directement pris à partie par les forces de l’ordre au cours de manifestations. Comme le rappelle justement Hervé Kempf, rédacteur en chef du média Reporterre : « La participation à un groupement en vue de commettre des dégradations est une qualification attentatoire à la liberté de la presse. Gaspard Glanz, directeur de l’agence Taranis News et qui a plusieurs fois collaboré à Reporterre, est un vidéo-reporter reconnu dans la profession journalistique. Il témoigne et informe de longue date sur les manifestations, les agissements de la police ou encore sur « la jungle de Calais ». Il a plusieurs fois été poursuivi par les autorités, la vraie raison de cet acharnement étant la qualité de ses informations, qui a beaucoup contribué à faire prendre conscience au public de la multiplication des violences policières ».

Un rassemblement a eu lieu ce matin devant le commissariat du XIIè arrondissement de Paris pour exiger la libération de Gaspard Glanz, toujours maintenu en garde-à-vue au moment où nous écrivons.

Cette tentative d’intimidation juridique, qui fait suite aux nombreuses violences policières ayant ponctué l’acte 23, en dit long sur l’état de la liberté de la presse aujourd’hui et des droits démocratiques de plus en plus rognés par les gouvernements successifs. De la loi anti-casseur à l’intimidation des journalistes, le « progressisme » de Macron ferait pâlir les « populistes » auxquels il prétend s’opposer, de Orban à Salivni.


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