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Réforme des retraites

400 000 manifestants à Paris : mobilisation historique contre la réforme des retraites

Pour la première journée de mobilisation contre la réforme des retraites, la manifestation parisienne a rassemblé 400 000 selon la CGT. Une mobilisation historique après seulement 9 jours de préparation.

Arthur Nicola

19 janvier 2023

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Crédits photo : AFP

400 000 manifestants. C’est plus que le 5 décembre 2019, début de la bataille contre la précédente réforme des retraites. C’est plus que le 31 mars 2016, première grande journée de manifestation contre la loi travail. C’est plus que le 7 septembre 2010, première journée de l’automne de mobilisation contre la réforme de Sarkozy.

Il s’est passé quelque chose aujourd’hui de spécial entre République et Nation, loin des manifestations traditionnelles syndicales qui ont pu peiner, ces dernières années, à rassembler largement. Pour retrouver des manifestations de telle ampleur, il faut revenir à 2010, ou même 1995, deux grandes grèves dont se rappellent aujourd’hui beaucoup de manifestants à quelques années de la retraite.

Le chiffre annoncé par la CGT est d’autant plus important que la journée de grève a été annoncée il y a seulement neuf jours. Pour certains manifestants, qui sont restés bloqués parfois deux heures place de la République sans pouvoir bouger d’un mètre, l’impatience de pouvoir partir en manifestation s’est mué en joie de ne pas pouvoir bouger, tant les rues de la capitale semblaient trop étroites pour accueillir une telle mobilisation.

Après deux heures, certains syndicats, la CFDT, la CFE-CGC ou encore l’Unsa, qui étaient prévus en fin de cortège, ont même dû choisir de prendre un autre itinéraire vers Nation, remplissant l’avenue Voltaire quand l’avenue Beaumarchais était saturée.

Depuis longtemps, on avait pas vu des cortèges de travailleurs si remplis : que ce soit dans l’éducation, à la SNCF, dans l’énergie, dans la santé, ainsi que dans quelques entreprises de la métallurgie et de l’aéronautiques, de nombreux cortèges ont marché jusqu’à Nation. Face à cette mobilisation historique, les forces de répression ont continué leur politique de gazage et de matraquage, particulièrement en tête de manifestation, où de nombreux lycéens et étudiants étaient rassemblés, aux côtés de personnels de l’enseignement supérieur, et ont interpellé trente d’entre eux.

Dans la manifestation Abdou, travailleur sans-papier du Collectif sans-papiers 75 explique à Révolution Permanente son opposition à la réforme : « 64 ans c’est la porte de la mort. Ils veulent nous faire partir avec rien, et on est tous concernés. » Catherine, infirmière à Neuilly-sur-Marne, explique de son côté : « notre métier est très pénible, on est debout toute la journée. En plus on manque de moyens et de personnels, one peut pas travailler jusqu’à 64, 65 ou 66 ans. »

Cette première journée de manifestation parisienne aura rappelé à nombre d’entre nous ce qu’est une manifestation de masse, ce que veut dire voir jusqu’au dernier de ses collègues mobilisés contre une loi que 93% des actifs refusent. Elle rappelle aussi à toutes les organisations syndicales que la colère est là, que les manifestants sont déterminés à faire reculer le gouvernement.

Alors que l’intersyndicale doit se réunir ce soir pour décider des suites du mouvement, de nombreux manifestants ont exprimé, au micro de cortèges comme sur leurs pancartes, la volonté de voir un mouvement de blocage de l’économie, par une grève reconductible. Comme l’explique Gwen, institutrice et militante à Révolution Permanente : « Les chiffres sont incroyables dans l’éducation. Ce matin on s’est réunis en AG à Sarcelles et on a voté de massifier cette grève et de suivre le plan de bataille proposé par les raffineurs pour arriver à une reconductible ! »

Une volonté de la base qui va devoir se structurer pour battre en brèche les propositions de grèves de 24h que proposeront, sans aucun doute, les directions syndicales.


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Arthur Nicola

Journaliste pour Révolution Permanente.
Suivi des grèves, des luttes contre les licenciements et les plans sociaux et des occupations d’usine.
Twitter : @ArthurNicola_

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