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Mouvement ouvrier

30.000 emplois menacés à Roissy : la riposte doit être à la hauteur de l’hécatombe

Sur 94 000 emplois à l’heure actuelle à Roissy Charles-de-Gaulle, un tiers sont menacés. 30 000 familles de travailleurs, auxquels le patronat fait payer la crise, pourraient ainsi se retrouver sur le carreau. Une marche est appelée le 18 mars à laquelle il faudra être nombreux !

Caroline Duval


et Samir Dehimi

10 mars 2021

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Aéroport de Paris (AdP) et Air France, les deux géants nationaux de l’aéroportuaire, annonçaient la semaine dernière dans un article paru dans Le Monde que jusqu’à 30 000 postes pourraient être supprimés à Roissy Charles de Gaulle, comme nous le notions sur Révolution Permanente. En effet, Air France met en pratique pour la première fois à grande échelle le mécanisme de Rupture Conventionnelle Collective (RCC), alors que les 700 à 800 sociétés actives à Roissy (manutention des bagages, sûreté, assistance aéroportuaire, nettoyage d’avions) se préparent à licencier massivement.

La situation est encore plus scandaleuse quand on sait qu’Air France a bénéficié et continue à le faire des aides financières conséquentes de l’Etat : 7 milliards d’euros d’aide. Une fois de plus, et comme le dénonçaient déjà récemment les travailleurs de TUI France, les aides versées par l’Etat avec l’argent collecté par les impôts vont dans les poches du patronat et jamais à ceux qui produisent les richesses et payent les impôts, les travailleurs.

Le 15 octobre 2020 une première marche pour sauver les emplois, appelée par l’intersyndicale (CGT, Fo, CFE-CGC, CFTC, UNSA et Sud Aérien) a eu lieu avec la participation 2000 travailleurs, suivie d’une rencontre avec la préfète Mme Wolfermann. Cinq mois après, et suite à la confirmation de 30.000 suppressions de postes envisagés, l’intersyndicale appelle à une nouvelle marche pour l’emploi le 18 mars prochain devant la préfecture. Cette initiative pourrait devenir le point de départ d’une lutte pour qu’aucun travailleur reste sur le carreau, à condition de créer une dynamique qui ne se cantonne pas à un simple dialogue impuissant avec le préfet.

En effet, la stratégie de « dialogue social » a déjà fait la preuve de son échec à Brigestone, où la direction a fermé le site de Béthune, laissant sur le carreau ses 863 salariés. Alors que le site était menacé, Il n’y a pas eu de plan de bataille de la part des organisations syndicales, qui ont cru dans les paroles du gouvernement, se limitant à appeler à quelques marches sans vraiment s’atteler à organiser un vrai plan de lutte pour créer le rapport de forces nécessaire. Cette illusion du dialogue est donc un véritable danger. A l’inverse, c’est la question de l’organisation de l’ensemble des travailleurs de Roissy, syndiqués ou non, avec une stratégie de lutte pour le maintien de tous les emplois qui devrait être posée clairement à partir du 18 mars.

De fait, les travailleurs ont de nombreux arguments à avancer. Par exemple, une de nombreuses entreprises de Roissy, la société Servair, est en capacité de produire 100 000 plateaux repas par jour pour les avions, et annonce la suppression de plus de 2000 postes avec l’argument du manque de travail due à la baisse de l’activité. En même temps, des milliers d’étudiants ne mangent pas à sa faim, touchés par une extrême précarité renforcée par la crise sanitaire. Toute la capacité de Servair devrait être mise au service de produire les plateaux repas nécessaires à nourrir nos jeunes ! D’autres sociétés de transport présentes à Roissy, comme Transdev par exemple, pourraient assurer le transport des plateaux repas vers les endroits où les jeunes font des files interminables pour s’alimenter. Les organisations syndicales pourraient étudier toutes les possibilités de reconversion des services impactés par la diminution de l’activité à Roissy et faire un plan pour répondre aux besoins de la population dans cette période de crise. Cette réorientation permettrait de montrer à quel point les intérêts des travailleurs sont liés à ceux de la jeunesse populaire, forgeant ainsi une unité dangereuse pour le patronat et le gouvernement.

Une telle démarche permettrait également de populariser à grande échelle la lutte des travailleurs de Roissy. Les grévistes de Grandpuits l’ont montré : en refusant de négocier seulement leurs conditions de départ mais en se battant pour sauver l’emploi et pour l’environnement, ils ont agrégé autour d’eux des soutiens très nombreux. Des travailleurs de toute la France (et même du monde entier) se sont ainsi retrouvés dans leur lutte, alimentant la caisse de grève, les rejoignant sur leur piquet de grève, prenant part à leurs action ou organisant des spectacles en solidarité.

Dans les prochains jours et semaines se jouent à Roissy la vie de 30 000 familles. Il s’agit d’organiser la lutte la plus déterminée pour l’emploi et de faire connaître ce combat fondamental ! En ce sens, il faudra être nombreux le 18 mars aux côtés des travailleurs de Roissy pour la Marche pour l’Emploi.


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