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Témoignage

1er mai : comment la Préfecture de police s’y est pris pour diviser les manifestants, coûte que coûte

Paris, boulevard Saint-Marcel, le 1er mai 2019 vers 15H35. La manifestation intersyndicale du 1er mai a trouvé son rythme. En tête de manifestation marchent d’un bon pas tous ceux, nombreux, qui ont choisi de défiler sans affiliation syndicale. Ils sont de tous âges et de toutes conditions, porteurs ou non de gilets jaunes ou de pancartes, vêtus de noir ou joyeusement déguisés.

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C’est à présent un défilé calme et déterminé. Les forces de l’ordre, qui avaient semé le chaos avant le départ par des incursions violentes au cœur de la foule, accompagnées de jets de lacrymogènes ou de grenades de désencerclement, tiennent fermement toutes les rues qui débouchent sur le parcours : jusqu’ici toutes sont bloquées par les forces de l’ordre. Ainsi, la rue du Jura est-elle défendue par un canon à eau, deux estafettes et un épais cordon d’agents en armures.

15H42. Carrefour du boulevard Saint Marcel et de la rue Jeanne d’Arc. Étrangement, la rue Jeanne d’Arc, qui n’est pas sur le parcours de la manifestation, a été laissée libre par la Préfecture de police. Plus loin sur le boulevard Saint Marcel, la tête de manifestation n’avance plus, probablement bloquée. Comme un fluide qui s’écoule, les manifestants prennent la voie ouverte et remontent la rue en chantant sans se douter du piège qui les attend. Ils sont plusieurs milliers à s’y engouffrer.

Rue Jeanne d’Arc, 15h42. La foule s’engouffre.

Au même moment, un gazage massif empêche les cortèges syndicaux de continuer à progresser.
Faute de nouvel afflux de manifestants, un cordon de CRS peut se positionner au bas de la rue Jeanne d’Arc : la tête de manifestation est désormais séparée du cortège syndical. Elle débouche dans une nasse formée sur le boulevard de l’Hôpital. L’objectif de la Préfecture de police est atteint.

Rue Jeanne d’Arc, 15H52. La tête de la manifestation s’éloigne en haut de la rue tandis que les forces de l’ordre prennent position pour refermer le passage.

Sur le boulevard Saint Marcel, l’avancement du corps de la manifestation reprend. Arrivée au bout du boulevard, celle-ci prend, conformément au parcours déclaré, un virage en épingle à cheveux pour remonter le boulevard de l’Hôpital. Mais la Préfecture veut empêcher les deux parties séparées de se rejoindre. Un canon à eau a été positionné en haut du boulevard de l’Hôpital. Sous un déluge de gaz lacrymogènes, de grenades de désencerclement, de flashballs et d’eau sous pression, les forces de l’ordre chargent les manifestants qui suivaient tranquillement le parcours autorisé, déclenchant des mouvements de panique. Certains se réfugient dans des commerces, des entrées d’immeubles et, comme on le sait, dans l’enceinte de l’hôpital de la Salpêtrière qui jouxte le parcours. Cette situation durera deux heures avant que le cortège ne puisse reprendre son parcours. Ce n’est que vers 18H00 que le cortège syndical atteindra la place d’Italie sous les lacrymogènes.

Boulevard de l’Hôpital, 16H28. Dans un nuage de gaz lacrymogène, les manifestants retournent en arrière sous la charge des forces de l’ordre. En haut, la silhouette du canon à eau.

Par tous les moyens, la Préfecture de police aura visé la division du cortège pour en provoquer la dispersion prématurée et terroriser les participants, fût-ce au prix de nombreux blessés, tant parmi les forces de l’ordre que chez les manifestants. Pour s’en dédouaner, le ministre Castaner n’a pas hésité à faire porter le chapeau aux victimes, accusant cyniquement les manifestants terrorisés de s’attaquer à l’hôpital de la Salpêtrière. Manipulation des masses et post-vérité font rage en Macronie.

Pour nous transmettre vos témoignages, coups de gueule... vous pouvez nous écrire à [email protected].


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