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Suite aux discussions de mardi matin, la direction campe sur ses positions. Factuellement, comme le rappelle Christophe Aubert, secrétaire syndicale CGT ExxonMobil, la situation reste bloquée sur la question des salaires, avec une proposition de la direction d’une augmentation générale des salaires de 4%, avec des augmentations individuelles de 1%. Si la CFE-CGC s’est positionnée pour cet accord, la CFDT n’a pas encore pris position sur la proposition, d’ores et déjà refusées par les grévistes, la CGT et Force Ouvrière. Les revendications des grévistes restent inchangées : les grévistes réclament une augmentation de salaire de 7,5%, avec un minimum de 200€, ainsi qu’une prime Macron de 8 000 €.
La spontanéité du mouvement, déclenchée en grande partie par une base de travailleurs non syndiqués, témoigne d’une radicalité que les plus anciens raffineurs n’avaient jamais connue. Les niveaux de mobilisation, ainsi que les procédures d’arrêt qui ont été réalisées, n’ont jamais été aussi loin. « Depuis que je suis arrivé, je n’ai jamais vu ça que ce soit dans la longueur ou l’ampleur. J’avais déjà fait grève une ou deux fois mais jamais avec cette détermination. On a arrêté aujourd’hui des unités qu’on n’avait quasiment jamais arrêté pendant une grève » explique Marc*, un gréviste non syndiqué travaillant à la raffinerie depuis une dizaine d’années, qui précise « ne pas faire grève pour un oui ou pour un non ».
Pour la plupart d’entre eux, la colère provient d’un contexte de crise globale, accentué par de fausses promesses de la part de la direction. Par exemple, pour Marc cette colère n’est pas nouvelle, mais les mobilisations précédentes et les menaces de la direction avaient réussi à temporiser, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. En effet, celui-ci déclare d’un profond ras-le-bol partagé par ses collègues : « on en a eu marre de subir l’inflation, la crise énergétique et les pressions sans rien dire ». Pendant ce temps-là, les profits records réalisés sur le dos des raffineurs continuent, sans que la direction ne veule revaloriser les salaires : « on voit les chiffres qu’ils se font, dedans et dehors, tout en nous prenant pour des idiots ! ». Au premier semestre 2022, ExxonMobil a fait près de 409 millions d’euros de bénéfices, huit fois plus qu’à l’habitué, preuve s’il en fallait que la major pétrolière avait les moyens de donner ces augmentations.
Les grévistes se sentent d’autant plus méprisés que les sacrifices fait durant le Covid n’ont pas été récompensés : « pendant le Covid, la plupart des cadres étaient en télétravail pendant que les travailleurs en 3/8 étaient sur la raffinerie, parfois sur des jours de repos, pour remplacer un collègue, en prenant des risques pour eux et leurs proches », regrette le raffineur.
Pour soutenir la grève, les raffineurs ont mis en place une caisse de grève, soutenue par les étudiants du Poing Levé venus en délégation ce mardi sur le piquet, ainsi que par l’union locale FO du Havre.
*les noms ont été anonymisés
