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Crise sanitaire et économique

100 millions de travailleurs pauvres supplémentaires : l’art de faire payer la crise à la majorité

Le nouveau rapport de l’OIT publié le 2 juin 2021 officialise une violente réalité : 108 millions de travailleurs supplémentaires dans le monde sont désormais considérés comme vivant dans la pauvreté ou dans l’extrême pauvreté -en comparaison avec 2019. Ils vivent, ainsi que leurs familles, avec l’équivalent de moins de 3,20 dollars des Etats-Unis par personne et par jour.

Mélanie Florch

3 juin 2021

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PRAKASH SINGH / AFP

En opérant un tour d’horizon mondial de la situation des travailleurs depuis le début de la crise sanitaire, l’ Organisation internationale du travail, (OIT) met en exergue dans un rapport les conséquences de la crise du Covid-19 en matière d’emploi : les baisses de l’offre et des heures travaillées ont entraîné une forte chute des revenus du travail et, en parallèle, une augmentation écrasante de la pauvreté.

« La reprise d’après COVID-19 n’est pas seulement un problème sanitaire » s’inquiète Guy Ryder, le directeur général de l’OIT. « Les dommages graves infligés à l’économie et à la société doivent également être surmontés ».

Des dommages graves infligés à l’économie, il y en a. Mais seule une partie de la société les subit brutalement et directement sur sa propre condition et son droit à vivre décemment.
Les travailleurs du monde entier servent -et ce de manière exponentielle- de bouclier au patronat qui les expose en première ligne aussi bien au virus qu’à la précarité.

Si le rapport démontre que l’Amérique latine et les Caraïbes ainsi que l’Europe et l’Asie centrale sont les deux régions les plus touchées par la perte de revenus du travail : « les pertes d’heures de travail estimées dépassant pour chacune 8% au premier trimestre de 2021 et 6% au deuxième ».

En effet, la stratégie du patronat est planétaire face à la crise économique. Ils misent sur des licenciements massifs associés le plus souvent à des outils juridiques qui attaquent les conditions de travail. En France on a ainsi vu émerger les ordonnances Covid mises en place notamment pour légitimer des augmentations du temps de travail (de l’ordre de 60 heures par semaine) dans certains secteurs d’activités jugés « nécessaires à la sécurité de la Nation et à la continuité de la vie économique et sociale » et la modification unilatérale des jours de repos par les employeurs.

Par ailleurs, toute une couche de travailleurs ne dispose pas d’une protection sociale, à l’instar des deux milliards de travailleurs dans le monde évoluant dans le secteur informel. Selon l’OIT, les salariés informels risquent donc trois fois plus que leurs homologues formels et 1,6 fois plus que les travailleurs indépendants de perdre leur emploi pendant la crise. De plus, comme beaucoup de ces travailleurs ont un taux d’épargne plus faible, ils risquent davantage de sombrer dans la pauvreté.

Le rapport acte donc, sans grande surprise, l’aggravation des inégalités qui existaient déjà auparavant, en frappant plus durement les travailleurs vulnérables. Parmi eux, on compte nombre de travailleurs migrants, qui ont au pire perdu brusquement leur emploi, au mieux n’ont pas reçu leur salaire -ou tardivement-, « alors qu’ils n’avaient souvent pas accès aux prestations sociales qui auraient pu compenser leurs pertes de revenus ».

L’OIT explique dans le rapport que «  la pandémie a entraîné des bouleversements sans précédent qui, en l’absence d’action politique concertée, marqueront le paysage social et de l’emploi pour les années à venir  ». C’est là inverser les causes et les effets.

Ce n’est pas la pandémie qui a renvoyé les travailleurs au chômage, les a contraints à devoir renoncer à un contrat de travail de qualité et à accepter tacitement d’être surmenés mentalement et physiquement, au travail comme à la maison où le télé-travail permet souvent aux employeurs d’augmenter les rythmes et les attentes. Le patronat, de concert avec le gouvernement, s’est servi de la pandémie pour s’enrichir sur le dos des travailleurs, à qui il fait aujourd’hui payer la crise en se cachant derrière ces « bouleversements sans précédents ».


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