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La Izquierda Diario
9 de février de 2019 Twitter Faceboock

Macron n’est pas sorti de l’auberge
L’audience Télé du grand débat en chute libre ; les Gilets Jaunes poursuivent leurs Actes
Claude Manor

Les stratégies concoctées par Macron pour sortir de la crise ne parviennent pas à l’enrayer. Il avait pourtant mis deux fers au feu : côté autorité, en finir avec la rue par le discrédit et la répression du mouvement, côté démagogie, faire basculer l’opinion grâce au grand débat. S’il est clair qu’il ne faut pas sous-estimer l’opération du grand débat, force est de constater que Macron va devoir lui redonner du grain à moudre tant les chiffres d’audience sont en chute libre. Cela d’autant plus que ce samedi de l’acte XIII, les Gilets Jaunes sont encore dans la rue, tout aussi déterminés…

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Le Grand débat, une aubaine empoisonnée pour les médias

Après les épisodes houleux de la mise en place du grand débat, et malgré les doutes sérieux sur le caractère « démocratique » d’un processus d’expression réservé à un public trié sur le volet, Macron semblait avoir mis à peu près la démarche sur ses rails. Sur la base du succès médiatique des deux premières séances, et même si le camp des sceptiques continuait à se gausser du « grand débarras », l’ex- Jupiter déchu, pouvait commencer à espérer se refaire une légitimité avant l’échéance des élections européennes.

Mais les difficultés commencent à apparaître . Le Parisien révèle que l’audience des débats animés par le chef de l’Etat n’a pas cessé de baisser depuis le lancement. Les chaînes d’information en continu intéressées, principalement BFMTV et LCI, constatent à leurs dépens que le score d’audience des dernières séances s’est effondré en chute libre. « Les chiffres parlent d’eux-mêmes », aurait ainsi déclaré le patron d’une chaîne d’info.

Lors du lancement dans l’Eure, le 15 janvier, plus d’1 million de téléspectateurs s’étaient partagés entre BFM et LCI. Pour le second débat qui a eu lieu dans le Lot, le 18 janvier, l’audience était encore d’environ 1 million. Mais, selon Le Parisien toujours, « les derniers débats ont beaucoup moins passionné les foules ». Le 4 février l’audience sur BFM n’était plus que de 270 000 et de moins de 140 000 sur LCI. Soit une chute de près de 60 %.

Le dernier débat en date, qui a eu lieu le jeudi 7 février pendant 4 heures, en présence de 1000 jeunes, n’est pas parvenu, malgré un savant cocktail de propos démago ou donneurs de leçons, à restaurer l’audience. Elle est restée à 270 000 pour BFM, soit « sensiblement inférieure » aux chiffres moyens sur cette plage horaire. Même constat pour LCI.

Au point que Le Parisien se demande si les deux chaînes vont supporter encore longtemps ce manque à gagner économique, d’autant que l’occupation de la chaîne par le président, jusqu’à plus de six heures pour certains débats, interdit pendant ce temps-là toute interruption pour les spots publicitaires.

Les manifs des gilets jaunes, toujours nombreuses et déterminées

En dépit d’une certaine dispersion des appels, reflet des contradictions internes du mouvement, les manifestations de l’acte XIII qui ont eu lieu à Paris et dans plusieurs autres villes régulièrement mobilisées comme Toulouse, Bordeaux, Rouen et bien d’autres, démontrent que la combativité n’a pas disparu et que les Gilets Jaunes défendent toujours âprement leurs revendications. On peut même assister à une sorte de retour aux formes de manifestations qui ont précédé la phase de normalisation imposée par Macron et Castaner : de nombreux parcours non déclarés, une volonté toujours présente de refuser le cadre imposé par l’exécutif.

Simultanément, la conscience et la volonté d’affrontement politique du mouvement s’expriment nettement dans cet acte XIII. Pour preuve symbolique, le tracé du parcours de la manif parisienne qui passe par tous les lieux du pouvoir institutionnel, mais aussi, de manière plus avancée, patronal : Champs-Elysées, Ministère des Affaires Etrangères, Assemblée Nationale, Sénat, Invalides, Medef… C’est devant l’assemblée nationale qu’en milieu d’après-midi la situation s’est tendue et a donné lieu à des violences policières telles qu’un gilet jaune de 30 ans, simplement en train de photographier, a eu une main arrachée par un tir de grenade de désencerclement.

Plus globalement, c’est aujourd’hui un mouvement qui tend progressivement à se marquer plus « à gauche », même si le caractère populiste en reste un marker déterminant. « Fâchés mais pas fachos » déclarait une banderole dans le cortège des gilets jaunes à Paris, exprimant, par ce slogan, la conscience acquise de la différence entre une colère et des ripostes légitimes, face aux injustices sociales et à la répression policière et l’extrême droite. De plus, si quelques descentes de groupuscules fascistes ont encore eu lieu ce samedi de l’acte XIII, à Lyon comme à Toulouse, elles ont été très rapidement dominées par les manifestants soutenus par la majorité des Gilets Jaunes.

Macron a encore du souci à se faire

Même si après une période de surdité et de cécité réelles ou feintes, Macron a été contraint de descendre de l’Olympe et de « mouiller la chemise » pour accomplir le marathon du grand débat en espérant remonter la pente, ce n’est pas sans contradictions.

Pour autant, même si Macron continue à donner des signes de fragilité, sans une irruption des militants ouvriers sur le terrain de la lutte des classes, et sans actions de grève généralisées, le mouvement social ne pourra que très difficilement se maintenir. En ce sens, la journée de mobilisation conjointe des gilets jaunes et rouges le 5 février a commencé à établir une proximité et, ici ou là, parfois de manière significative, les cortèges jaunes se teintent de rouge. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il ne faut pas attendre la prochaine journée d’action mi-mars, promise par Martinez, pour poursuivre la construction de la grève générale, si on veut mettre Macron à genoux.

 
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