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Tous ensemble pour la grève générale

Toulouse. Près de 300 personnes pour la rencontre Gilets Jaunes syndicats

Ce jeudi 10 janvier marquait une journée d’action nationale d’interpellation des directions syndicales par les Gilets Jaunes. A Toulouse, l’échéance a rassemblé environ 300 personnes à la Bourse du Travail, à l’appel des gilets jaunes.

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Au cours de la troisième Assemblée générale des Gilets Jaunes de Toulouse, un appel visant à interpeller les directions syndicales avait été adopté à une très large majorité. Cet appel faisait écho à une série d’actions organisées simultanément dans plusieurs villes pour exiger des dirigeants syndicaux qu’ils prennent leur responsabilité et construisent la mobilisation aux côtés des Gilets Jaunes en appelant à une journée de grève générale reconductible.
 
A Toulouse, l’action a eu lieu à la Bourse du Travail et a pris la forme d’un échange entre les Gilets Jaunes présents et les représentants et syndicalistes de plusieurs syndicats, et en particulier la CGT, Solidaires et la FSU.
 
C’est Émile qui a ouvert la discussion, au nom du groupe de travail de la commission action des Gilets Jaunes ayant préparé l’échéance, en lisant l’appel élaboré collectivement pour lancer le débat :
« Oui, il n’existe pas un « bouton pour la grève générale ». Oui, organiser un tel rapport de force n’est pas facile. Mais les directions syndicales ne peuvent pas se déresponsabiliser de leur rôle avec cette excuse. Si, dans la situation explosive actuelle, tous les syndicats, ensemble, appelaient à une journée de grève générale dans le pays, s’ils mobilisaient l’ensemble de leurs militants, de leurs ressources, pour appeler tous les travailleurs, syndiqués ou pas, à une énorme grève générale, pour bloquer toute l’économie en France, et renforcée par des blocages comme nous le faisons déjà régulièrement, alors il y aurait un énorme rapport de force pour imposer l’ensemble de nos revendications. »
 

Quand deux mondes se rencontrent

 
A Toulouse il s’agissait de la première rencontre officielle entre les gilets jaunes et le milieu syndical plus traditionnel. Mis à part quelques syndicalistes qui émettent des réserves quant au mouvement des Gilets Jaunes et à la rencontre, évoquant « une injonction » et brandissant l’argument que la grève « ne se décrète pas », l’échange aura été constructif et aura notamment permis de dégager une volonté collective de construire un grand mouvement d’ensemble contre Macron. Une minorité d’intervention cherche à justifier les distances des syndicats avec la mobilisation des Gilets Jaunes par le « confusionnisme » et le « noyautage d’extrême-droite » qui y régneraient soi-disant, en réutilisant l’argument mis en avant par Martinez depuis le début du mouvement. Des interventions qui n’ont pas trouvé beaucoup d’écho et qui ont été déconstruites par la suite.
 
Finalement, on retiendra de nombreuses interventions qui vont contrairement dans le sens d’appeler à converger et à dépasser les divisions et les différences de pratiques et d’habitudes qui peuvent exister. Des syndicalistes interviennent en revendiquant se sentir également gilet jaune et en montrant que ce n’est pas du tout contradictoire, mais qu’au final il s’agit d’un même combat, « contre l’injustice sociale et fiscale », « contre le gouvernement et le MEDEF, contre les grands patrons ».
 
On retiendra également l’intervention de plusieurs femmes en gilets jaunes qui répondront avec force aux sceptiques que le mouvement est loin d’être réactionnaire et noyauté par l’extrême-droite, et que c’est précisément l’une des raisons qui permet une telle féminisation de la lutte. « Je pense que c’est une mobilisation qui a permis de visibiliser les plus précaires de notre classe… explique Anna, étudiante gilet jaune, ces femmes d’habitude invisibles, ces infirmières, ces travailleuses en EHPAD, et c’est ce qui fait aussi la force du mouvement... ». On mentionne à ce titre qu’une seconde manifestation de femmes gilets jaunes est organisée dimanche 13 à 11h au départ de Jean Jaurès.
 
Gaëtan, syndicaliste CGT et Gilet Jaune, rappelle que l’action n’a pas pour but de « supplier » les syndicats « la tête baissée » et invite ses camarades CGTiste à « un peu de modestie et à apprendre du mouvement ». Il insiste sur l’état d’esprit combatif avec lequel la rencontre a été organisée par les gilets jaunes, et appelle à construire un mouvement encore plus massif, qui passera nécessairement par la convergence avec le monde du travail organisé, en lien avec les syndicats qui peuvent y contribuer à condition de se placer définitivement du côté du mouvement. Il ajoute qu’il n’y a aucune injonction mais des « bilans à tirer fermement » concernant le rôle des directions syndicales qui « reprennent des éléments de discours du gouvernement » et qui ont notamment signé un communiqué condamnant la violence des manifestants sans évoquer la répression policière.
 

Le spectre de la grève générale

 
Tout au long des échanges la question de la grève générale est présente, et la grande majorité des présents s’accordent sur le fait qu’il s’agit de la seule perspective stratégique pour faire avancer le mouvement et pour en finir avec Macron. De même de nombreuses interventions reviennent sur la nécessité de boycotter le Grand Débat appelé de ses vœux par Macron qui cherche à institutionnaliser le mouvement. Une gilet jaune intervient également pour évoquer le groupe de travail qui s’est formé dans la commission action pour « construire la grève générale » et regrouper tous ceux qui souhaitent s’inverstir sur cette question, en organisant des liens et des diffusions en direction des principales boîtes de la ville, ou en soutenant activement les grèves qui peuvent exister, à l’image de celle du service de néonatalogie de l’hôpital Purpan.
 

 
A la fin du débat le secrétaire régional de l’UD CGT 31 Cédric Caubere, s’est exprimé en prenant des engagements pour aider à organiser la convergence et l’unité des forces entre les gilets jaunes et les organisations syndicales. Il s’engage également à interpeller la direction nationale de la confédération CGT sur la question de la grève générale et à transmettre les débats.
 
Les autres représentants syndicaux se joignent à lui pour appeler à ce qu’un tract commun soit écrit par les gilets jaunes et les syndicats, rappelant qu’un parcours de manifestation a été déposé par la CGT samedi prochain et en s’engageant à faire converger leur cortège avec celui de l’acte IV des gilets jaunes qui aura lieu en même temps.
 
Les organisations syndicales acceptent également de rejoindre l’action de blocage de l’économie et des camions, organisée à Toulouse à partir de dimanche soir prochain. Enfin, une journée de grève sera appelée et préparée collectivement pour la venue de Macron dans les environs de Toulouse le 17 janvier prochain. Une première pierre sur le chemin de la grève générale ?


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