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Faut-il ouvrir Pierre Gattaz à la concurrence ?

SNCF. Selon Pierre Gattaz, « un peu de concurrence fait progresser les gens. »

Pierre Gattaz s'y connaît en matière concurrence, lui qui a hérité de l'entreprise et de la fortune de son père. Aussi déclarait-il ce matin qu’« un peu de concurrence fait progresser les gens. » Aussi, la question nous semble légitime : faut-il ouvrir Pierre Gattaz à la concurrence ?

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Pierre Gattaz : archétype de l’héritier capitaliste

Derrière des discours vantant les mérites de la concurrence et de l’entrepreneuriat, Pierre Gattaz n’est que le parangon du capitalisme parasitaire. Patron du MEDEF (syndicat des patrons de France), héritier de la société Radial fondée en 1952 par son père, Yvon Gattaz, et son oncle, Lucien Gattaz, sa fortune est estimée à 250 millions d’euros (224e fortune de France) selon Challenges ; favorable aux restrictions salariales et à l’abolition du SMIC, Pierre Gattaz a pourtant reçu en 2013 une rémunération de 426 092 euros au titre de président du directoire de la société Radiall ; enfin, on a récemment pu le voir s’offrir un magnifique château pour la somme de 11 millions d’euros.

Bien que n’étant pas entrepreneur lui-même, Pierre Gattaz s’évertue pourtant à propager les « vertus » de l’entrepreneuriat à travers plusieurs associations. Après « Les Déterminés », association sous l’égide du MEDEF qui avait pour vocation d’encourager l’entrepreneuriat dans la jeunesse des quartiers populaires, le voilà qui annonce la création d’une nouvelle association qui cible cette fois plus spécifiquement les régions rurales, et sobrement intitulée « C’est possible ».

Dans ces conditions, et au vu de son coût exorbitant pour l’ensemble de la société, il est évident que c’est bien Pierre Gattaz – et non pas la SNCF – qu’il faudrait ouvrir à la concurrence. « C’est possible. »

Toutefois, au-delà de l’irritation dont fait montre Pierre Gattaz, c’est toute la fragilité de la base sociale d’Emmanuel Macron qui commence à se révéler. Il n’est en effet pas anodin que le directeur du MEDEF se soit prononcé sur la question. Habituellement discret, le « patron des patrons » est récemment sorti de sa réserve pour vilipender l’action des syndicats. Affirmant qu’il ne s’agit pas d’une « bonne solution », Pierre Gattaz a exprimé ses craintes au sujet des grèves, déclarant qu’elles sont « de nature à déstabiliser des salariés qui vont travailler, une économie ».

Après le 22 mars, des premiers signes de fébrilité au sein de la bourgeoise ?

Le 22 mars fut en effet une véritable démonstration de force, prenant de court tant la bourgeoisie que les directions syndicales. La mobilisation massive des cheminots n’a en effet pas manqué de dérouter une bourgeoisie désormais sur le pied de guerre.

Les principaux médias bourgeois ne s’y trompent d’ailleurs pas, conscients des enjeux qui se nouent autour de la réforme du rail. Qu’il s’agisse Olivier Auguste, éditorialiste au journal l’Opinion, qui intitulait sa tribune « SNCF, la mère des réformes », ou encore du Figaro qui titrait l’un de ses tribunes « Les divisions syndicales arrangent le gouvernement » (!), la bourgeoisie ne cesse de supputer, avec une appréhension croissante, les possibilités d’une convergence des luttes avec les cheminots en fer de lance.

C’est bien cette éventualité que craint Pierre Gattaz lorsqu’il déclare : « Je ne comprends pas tellement des grèves qui sont des préalables alors qu’on n’a même pas commencé à discuter ou négocier ». Face à la crainte d’une massification, l’injonction au « dialogue social » représente le meilleur moyen d’étouffer les colères en gestation. Loin d’être des « préalables » à une « discussion » dont on connaît déjà l’issue, les grèves sont bien la seule façon de construire un rapport de force capable de faire plier un gouvernement qui a déjà montré, par le recours brutal aux ordonnances, sa vision du « dialogue social. »

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