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Trotsky et Gramsci en débats

Révolution passive, révolution permanente et hégémonie

Ces dernières années ont vu s’opérer le retour d’un intérêt pour la pensée de Gramsci, dont témoignent notamment des œuvres comme « The Gramscian Moment » de Peter D. Thomas (2009) ou « La religione dell'uomo moderno » [La religion de l’homme moderne] de Fabio Frosini (2010). Une part importante des débats qui s’étaient déjà tenus dans les années 70 (dont ceux ouverts par l’article de Perry Anderson « The Antinomies of Antonio Gramsci » publié dans la New Left Review en 1976, traduit à l’époque chez Maspero sous le titre « Sur Gramsci »), ont commencé ainsi à se réactualiser, incluant une réflexion sur de nouvelles bases concernant les relations entre les idées de Gramsci et celles de Trotsky. Fernando Rosso et Juan Dal Maso consacrent depuis plusieurs années une série d’études visant à montrer l’actualité, les conditions et les implications politiques d’une telle confrontation renouvelée de ces deux grandes figures. Au service d’une réflexion stratégique sur un marxisme révolutionnaire pour le XXIe délivrant, simultanément, le premier des usages contestables, depuis l’eurocommunisme jusqu’à E. Laclau et C. Mouffe aujourd’hui, qui en parasitent encore la réappropriation, et le second, d’ignorances, de simplifications et de préjugés qu’il est urgent de dépasser, cet article, publié initialement dans « Ideas de Izquierda » (nº 13, septembre 2014), et repris dans « La izquierda diario », est l’une de leurs contributions, qui part de la notion gramscienne de « révolution passive » pour ouvrir sur différents rapprochements entre les théories respectives de l’hégémonie et de la révolution permanente.

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C’est un lieu commun chez la plupart des intellectuels se réclamant de Gramsci (de même que chez quelques antigramsciens enragés), de présenter les théories de Gramsci sur la question de la « révolution passive » comme le « fondement objectif » d’une stratégie « hégémonique » opposée à la théorie de la révolution permanente de Trotsky. Selon ce point de vue, face à la capacité du capitalisme d’opérer des recompositions de toutes sortes, il faudrait opposer une lutte politique de type cumulatif, dont les manifestations stratégiques se limiteraient, dans les meilleurs des cas, à la constitution d’un « front populaire » qui ferait basculer les rapports de forces, ou, dans les cas moins heureux, à des formes diverses et variées allant des « rassemblements de gauche » plus ou moins larges (Europe) aux « gouvernements progressistes » (Amérique Latine). Dans les analyses de Gramsci on trouve la question suivante :

« ... existe-t-il une identité absolue entre guerre de position et révolution passive ? ou tout au moins existe-t-il ou peut-on concevoir toute une période historique où l’on doive identifier les deux concepts, jusqu’au moment où la guerre de position redevient guerre de mouvement ? » (Cahiers de prison, 15, § 17).

Si l’on tient compte du contexte dans lequel s’insère la réflexion du communiste italien, on peut affirmer, sans craindre une utilisation forcée, que cette question vise à justifier la « guerre de position » à travers un rapport de forces déjà donné, plutôt que l’adoption de la révolution passive en tant que voie politique.

L’« antithèse vigoureuse », les tendances extrêmes et la révolution passive comme « modérateur »

Peter D. Thomas [1] signale que, dans les Cahiers de prison, la révolution passive émerge autant comme une expression de la « crise organique » de la société bourgeoise que comme l’antithèse ou l’échec de la révolution active des classes populaires.

C’est précisément à partir de l’image d’une « vigoureuse antithèse » mise en valeur par Peter D. Thomas dans le Cahier 15 (§ 62), que l’on peut penser la relation entre révolution passive et révolution permanente en tant que dynamiques opposées du développement de la lutte des classes à l’intérieur de la société bourgeoise. Chez Gramsci, l’année 1848 constitue le point de repère pour penser les relations entre révolution passive, révolution permanente et hégémonie. C’est à ce moment-là que se manifeste cette « vigoureuse antithèse » entre les deux tendances : d’un côté, le prolétariat impose la république bourgeoise et ses institutions sociales tout en se battant pour les dépasser, et de l’autre, la bourgeoisie incite le prolétariat au combat pour lui infliger une défaite, ce qui ouvre la voie au bonapartisme et à une « normalisation » de la société bourgeoise.

En Allemagne, ce processus se déroulant de façon plus conservatrice, le parti démocratique a bien pu tourner le dos aux ouvriers ; cependant ces derniers ne se sont pas confrontés à la bourgeoisie comme cela s’est produit en France, quoique dans les deux cas devient évidente la nécessité d’une stratégie de la classe ouvrière qui soit indépendante de la bourgeoisie. C’est ici qu’apparaît le premier problème. Car, sans la « révolution permanente » en 1848 et la contre-révolution bourgeoise qui lui a fait suite, et plus tard, la Commune de Paris, il n’y aurait pas eu les « révolutions passives » postérieures.

Chez Gramsci aussi, « l’État intégral » (ou « élargi ») [2] étant une unité de dictature et d’hégémonie, la révolution passive remplace la contre-révolution lorsque celle-ci n’est pas directement nécessaire. C’est-à-dire que l’on ne peut pas envisager la révolution passive comme l’unique forme de réaction de la bourgeoisie et de son État vis-à-vis de la lutte de classes (comme Peter Thomas lui-même semblerait l’affirmer).

Ainsi, dans ce cadre, si la lutte des classes porte en elle-même une « tendance aux extrêmes », ce qui a été formulé par Marx à travers le cri de guerre de la révolution permanente, la révolution passive devient ici un mécanisme « modérateur » entre la révolution et la contre-révolution.

D’un siècle à l’autre : révolution par en haut et révolution-restauration

Si l’on revient à A. Morton [3] qui fait la distinction entre les deux sens de la révolution passive (la « révolution par en haut » mise en place par l’État en utilisant des méthodes conservatrices et la « révolution-restauration » qui reprend les revendications d’en bas tout en les intégrant à une nouvelle politique qui les adopte mais ne les résoud pas), on peut bien constater qu’au XIXº siècle, les « révolutions passives » possédaient un double caractère, puisqu’elles accomplissaient des tâches historiquement progressives [progressistes], mais en utilisant des méthodes conservatrices.

La lutte de la bourgeoisie contre l’ancienne société étant terminée, la révolution passive va assurer la durée ou la survie d’un régime social qui devient historiquement conservateur. Dans ce contexte, les révolutions passives du XIXe siècle prendront l’apparence d’une « révolution par en haut », ce qui aura tendance à disparaître au profit d’un aspect plus « restaurateur ». Dans ce cadre, la question de Gramsci sur les possibilités du fascisme de se transformer en un type quelconque de révolution passive (Cahier 10, § 9), bien qu’elle témoigne d’une tendance à la généralisation des mécanismes que nous avons évoqués dans d’autres articles, pose en même temps des limites à une lecture de la « révolution passive » comme quelque chose de « progressif » [progressiste].

L’illusion d’un changement historique qui puisse survenir en dehors d’une lutte « démocratique » qui se transformerait graduellement en une lutte sociale menant à un « progres » (qui caractérise les révolutions passives du XIXe siècle) ayant pris fin, la révolution passive du XXe siècle et celle du siècle actuel vont se réduire à un mécanisme d’expropriation des revendications populaires par le truchement de « renouvellements », « modernisations » et « recompositions » partielles, qui prépareront le terrain pour des restaurations plutôt de droite dans l’ensemble.

Dans ce contexte, le caractère « modérateur » qu’avait revêtu, au XIXe siècle, la révolution passive se voit affaibli au XXe : en effet, la « progressivité » ou la relation contradictoire entre progressivité et « conservatisme » disparaît complètement. Ainsi, la révolution passive s’appuie dans certains cas sur les résultats obtenus préalablement par la contre-révolution ; dans d’autres, elle prépare le terrain pour que celle-ci s’impose dans de meilleures conditions. Selon la profondeur de la contre-révolution ou celle de la crise préalable, les récompositions s’apparentent davantage à des « révolutions-restautarations » ou à des « passivisations restauratrices ».

Dans ce cadre, il est difficile de comprendre les récompositions des Etats de l’après-guerre en Europe occidentale si l’on ne tient pas compte de la destruction préalable des forces de production occasionnées par la Seconde Guerre mondiale et du rôle joué par le stalinisme comme facteur de stabilisation à travers la « coexistence pacifique » avec le capitalisme (ce qui a été précédé par la dégénérescence de la Troisième Internationale pendant la période de l’entre-deux-guerres).

Par ailleurs, à l’échelle internationnale le stalinisme a joué un rôle contre-révolutionnaire, en ce qu’il a essayé soit d’éviter les révolutions qui seraient hors de son contrôle, soit de réaliser des « expropriations par en haut » dans les territoires soumis à son contrôle après la seconde Guerre mondiale, tout en reproduisant ainsi les mécanismes de la révolution passive. Il a assuré ainsi la stabilité des « démocraties occidentales » pendant l’après-guerre.

Or, contrairement à ce qu’on peut penser, la « révolution passive » va confirmer finalement la théorie de la révolution permanente : les luttes nationales, populaires et démocratiques qui ne déboucheront pas sur une lutte contre le capitalisme et pour le pouvoir des ouvriers, seront déviées, endiguées, avortées ; elles subiront des restaurations visant la constitution d’un régime similaire au précédent ou pire encore (comme en Egypte). Bref, la « la révolution passive » devient l’un des mécanismes de prévention le plus important destiné à bloquer la dynamique permanentiste de la révolution.

Voilà pourquoi l’opposition abstraite entre hégémonie et révolution permanente débouche sur une forme ou une autre de revendication de la révolution passive comme programme et comme stratégie.

Passé et présent de la continuité du mouvement

Après avoir posé les grandes lignes des relations entre révolution passive et révolution permanente, essayons de penser les relations entre hégémonie et revolution permanente telles qu’elles se manifestent actuellement. Pour ce faire, nous partirons de l’article « Vers une théorie de l’hégémonie » de Fabio Frosini [4]. Contrairement à d’autres lectures de Gramsci, Frosini cherche à établir une continuité entre la révolution permanente et hégémonie. Il cite le Cahier 1 (§ 44 ; Cahier 19, § 24 dans l’édition Gallimard des Cahiers de prison n° 19-29, 1991, p. 79) dans lequel Gramsci souligne :

« Quant au mot d’ordre “jacobin” formulé en 1848-49 [par Marx en Direction de l’Allemagne], il faut étudier ses divers avatars. Repris, systématisé, élaboré, intellectualisé par le groupe Parvus-Bronstein [Trotsky], il se révéla inerte et inefficace en 1905, et plus tard aussi : c’était devenu une chose abstraite, un formule de laboratoire. En revanche, le courant qui s’opposa à ce jacobinisme réduit à un mot d’ordre littéraire, fut, sans employer “délibérément” le terme, jacobin dans les faits, et cela sous une forme qui adhérait à l’histoire effective, une forme, concrète, vivante, adaptée au temps et au lieu, comme jaillie de tous les pores de cette societé presente qu’il fallait transformer, un jacobinisme fondé sur l’alliance de deux groupes [classes] sociaux, avec hégémonie du groupe urbain. »

Il est surprenant de constater comment une théorie « abstraite » qui s’avère « inerte et inefficace » peut être utilisée de fait de façon « historique, concrète, vivante, adaptée au temps et au lieu » ; il s’agirait plutôt d’une fausse opposition entre la realpolitik et la théorie. Malgré cette objection, il est intéressant de voir comment Gramsci lui-même, tout en s’opposant à la théorie de la révolution permanente de Trotsky en tant que théorie, reconnaît de fait que cette théorie traçait correctement déjà les grandes lignes du développement de la Révolution russe, puisqu’il soutient que ce furent les bolchéviques qui l’ont menée à bien ; il reconnaît aussi que dans les faits Lénine et Trotsky s’étaient accordés sur la politique d’« alliance entre deux classes dont la classe urbaine détient l’hégémonie », mais seulement après que Kamenev et Staline, en l’absence de Lénine, aient soutenu le gouvernement provisoire entre février et avril (ce que Lénine a corrigé dans ses « thèses d’avril »).

Par ailleurs, il y a lieu de souligner que Gramsci confond la théorie de la révolution permanente formulée dans Bilan et perspectives, qui ne concerne que la Russie, avec la version « mûre » qui se fonde sur une généralisation des leçons stratégiques tirées des expériences du mouvement communiste dans les années 20, en particulier la révolution chinoise de 1925-1927 (tandis que Gramsci, lui, se limitait à une politique d’Assemblée nationale panchinoise dans laquelle la classe des travailleurs ne serait pas hégémonique).

Dans ce contexte, si l’on accepte le critère de Karl Korsch selon lequel il faut comprendre le marxisme comme une théorie de la révolution, on peut envisager la théorie de la révolution permanente comme le moment le plus élevé du développement de la théorie marxiste au XXe siècle, en raison surtout du changement de cadre théorique qu’il entraîne par rapport aux conceptions du marxisme qui ont survécu jusqu’aux années 20 au siècle dernier (en particulier l’idée que la révolution prolétarienne ne concerne que les pays « avancés »). 

Or, pour dépasser l’opposition stérile entre « hégémonie » et « révolution permanente », Frosini essaie de les concilier, sans que cela implique d’abandonner le point de vue de Gramsci, tout en y introduisant une variante :

« Selon Gramsci, il y a un lien très fort entre les directives données par Marx, le jacobinisme et son effectivité historique, et l’organisation hégémonique correspondant à l’État moderne (hégélien !), c’est-à-dire, l’hégémonie des classes productives urbaines sur les paysans. Bref, l’unique manière d’utiliser aujourd’hui la révolution permanente – à la différence de Parvus et Trotsky, qui l’ont réduite à une “théorie” (ils l’ont “systématisée”), consiste à la penser historiquement et politiquement, comme une structure de l’hégémonie ; mais inversement aussi : l’unique manière de penser l’hégémonie à la hauteur de Marx (en évitant de la dégrader à une composition “passive” de type hégélien, ou de la transformer en un “républicanisme” rhétorique et vidé de son contenu, de type jacobin-radical) est de l’ancrer dans la révolution permanente.  »

La définition implicite dans son raisonnement pourrait être formulée ainsi : « le fait d’opposer l’hégémonie à la révolution permanente aura comme résultat un certain type de revendication de la révolution passive en tant que programme positif ». Frosini, quant à lui, en fournit la formule suivante : « ... la différence entre la composition “passive” des conflits et sa mise en oeuvre “en permanence” marque la différence entre hégémonie bourgeoise et hégémonie prolétarienne  ». Son article se termine par l’affirmation suivante :

«  Ainsi envisagée, l’hégémonie prolétarienne est la « forme actuelle de la doctrine quarante-huitardienne de la “révolution permanente”, autrement dit, elle obéit toujours à l’exigence de la continuité du mouvement, une fois que la société civile hégélienne aura été repensée non seulement comme un “système de besoins”, mais aussi comme une partie de l’État, comme le lieu dans lequel la bataille politique sera gagnée ou perdue.  » 

Dans ce contexte, pour penser l’actualité de la théorie de la révolution permanente, il nous faudra réfléchir aux relations entre :

  •  la « formule de Marx » qui se centre sur la nécessité d’un positionnement de la classe ouvrière vis-à-vis des fractions bourgeoises qui cherchaient à limiter la radicalité des révolutions de 1848 ;
  •  la « formule de Gramsci » relative à l’hégémonie (dont nous combattons le déplacement relatif de la centralité de la classe ouvrière vers une sorte de « front national-populaire ») qui souligne la nécessité pour la classe ouvrière de conquérir la direction « intellectuelle et morale » des classes « subalternes » (opprimées socialement et sans représentation politique) au sein des sociétés dans lesquelles l’État se présente comme un Etat « intégral » (ou un Etat “élargi”) tout en cooptant les organisations ouvrières en tant que base de l’ordre bourgeois.
  •  la « formule de Trotsky » qui conduit la « continuité du mouvement » à un autre niveau de généralisation théorique, conformément à l’expérience historique : d’une révolution démocratique bourgeoise à une autre, socialiste, du plan national au plan international, et comme révolution permanente à l’intérieur de la société postrévolutionnaire.

    Si nous affirmons que « la formule de Trotsky » contient les deux précédentes, mais pas l’inverse, il est certain qu’il faut préciser en quel sens elle les contient. Si nous essayons de penser la dynamique actuelle de la révolution permanente, il faudra remarquer d’abord que pendant la période de l’après-guerre cette dynamique s’est arrêtée et qu’elle s’est déplacée vers la périphérie dès lors que les pays centraux ont connu une importante stabilité ; cependant, pendant l’ascension des années 68-81 les métropoles et les périphéries ont commencé à converger à nouveau les unes vers les autres, l’ensemble reculant pendant la « restauration bourgeoise » du néolibéralisme. Actuellement, une dynamique plus « totalisante » apparaît de nouveau, aucun continent n’ayant l’exclusivité en matière de crises, de révolutions, ou de stabilité.

    Voilà pourquoi la révolution permanente de Trotsky jouit toujours d’une bonne santé. Toutefois, comme la classe ouvrière ne participe que comme un acteur parmi d’autres dans l’ensemble des mouvements populaires, qui sont hétérogènes, sans en assurer encore leur direction, la « formule de Marx » n’a pas perdu de sa vigueur. Ou plutôt, le projet visant la continuité doit tout d’abord conquérir une position de la classe ouvrière qui soit indépendante pour qu’elle puisse se reconnaître comme sujet tout en se posant la nécessité d’hégémoniser les autres secteurs opprimés.

    Chacun de leur côté, aussi bien Trotsky que Gramsci ont analysé les changements des formes de l’État pendant la période de l’entre-deux-guerres ; on trouve des points communs entre les deux penseurs relatifs à plusieurs aspects concernant les processus d’« élargissement » de l’État ayant permis d’endiguer ou de subordonner les diverses tendances de la lutte des classes et des organisations ouvrières [5]. Ajoutons à cela le fait que la relative extension des caractéristiques « occidentales » (État élargi basé sur l’extension de la démocratie bourgeoise, l’étatisation des syndicats et la formation de l’« opinion publique » par les médias) à la plupart des pays, permet à la « formule permamentiste » de Trotsky d’incorporer certains aspects de la « formule hégémonique » de Gramsci ; cette formule souligne que l’ennemi auquel il faut faire face est un appareil étatique « basé sur quelque chose en plus » de ce qui est censé être une domination pure et dure, et avec quoi on doit enrichir la théorie. Dans ce cadre, la relation de complémentarité entre « révolution passive » et « contre-révolution » rend stérile une formulation de l’hégémonie comme une stratégie alternative à la révolution permanente, car la seule manière dont l’accumulation « hégémonique » pourrait dépasser les mécanismes de la révolution passive (visant de manière constante l’appropriation des pratiques des secteurs ouvriers et populaires) serait de conduire la « continuité du mouvement » au-delà des limites imposées par ces mêmes mécanismes, étape de la lutte politique accumulative incluse.

    Voilà pourquoi la révolution permanente ne peut être la « structure de l’hégémonie » que si l’on conçoit la « continuité du mouvement » à partir d’une stratégie qui irait au-delà de la lutte politique accumulative, vers la guerre civile et la prise du pouvoir par la classe ouvrière, c’est-à-dire telle qu’à un certain moment, l’hégémonie évolue et se transforme ; ce moment, selon Gramsci, est le moment où la « guerre de position » devient « guerre de mouvement ».

    Traduction par Teresa Acuña

    NOTES

    [1] Voir « La hegemonía light de las nuevas izquierdas », Ideas de Izquierda, n°8.
    [2] Voir « Trotsky, Gramsci y el Estado en Occidente », Ideas de Izquierda, n°11.
    [3] « Viajando con Gramsci : La espacialidad de la revolución pasiva », en Modonesi, M. (coord.), Horizontes gramscianos. Estudios en torno al pensamiento de Antonio Gramsci, México, Facultad de Ciencias Políticas y Sociales UNAM, 2013.
    [4] Ibid.
    [5] Voir « Trotsky, Gramsci y el Estado en Occidente », op. cit.

    Pour approfondir et élargir, voir les autres contributions présentes sur le blog de Juan Dal Maso : https://losgalosdeasterix.blogspot.fr/

    Ainsi que son récent ouvrage, El marxismo de Gramsci. Notas de lectura sobre los Cuadernos de la cárcel, Buenos Aires, CEIP-IPS, 2016 (collection « Debates marxistas contemporáneos »).

    Lire aussi les élaborations d’Emilio Albamonte et Matias Maiello (dont la traduction française est en cours de finalisation) :

    « Trotsky y Gramsci. Debates de estrategia sobre la revolution en Occidente  », 2012.
    « Trotsky, Gramsci, y la democracia capitalista », 2016.


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