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Organisons nous-mêmes notre défense !

Retour sur l’attaque de l’extrême droite à l’université de Montpellier

Durant la nuit du jeudi 22 mars, une milice fasciste attaque des étudiants mobilisés qui occupent la fac de droit et de sciences politiques de Montpellier, avec la complicité du doyen et de la police.

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Que s’est-il passé la nuit du 22 mars à la fac de droit de Montpellier ?

Les images extrêmement choquantes de l’attaque qu’ont subi les étudiants, qui occupaient un amphithéâtre de la fac de droit de Montpellier, ont beaucoup choqué et suscité la colère ces derniers jours. Mais que s’est-il vraiment passé la nuit du 22 mars ? La lutte des étudiants montpelliérains contre le Plan étudiant et la réforme du baccalauréat a commencé il y a quelques semaines, et avait déjà réuni à plusieurs reprises des centaines d’étudiants, que ce soit en Assemblée générale ou en manifestation. Le 22 mars au matin, jour de mobilisation nationale des étudiants, des cheminots et de la fonction publique, l’université de Paul Valéry est bloquée par les élèves pour permettre à tous de rejoindre le cortège étudiant de la manifestation. Vers 13h30, près de 1500 étudiants, professeurs, et personnels se réunissent en AG dans un amphithéâtre de la faculté de droit, une des seules situées dans le centre-ville. L’occupation de nuit est votée à la majorité, 50 ans jour pour jour après la première occupation de l’Université de Nanterre en 68.

Les étudiants mobilisés présents témoignent qu’un groupe d’une dizaine d’étudiants et professeurs de droits, dont faisait parti le doyen de la fac, Philippe Petel, essaie dès le début de l’Assemblée générale de perturber les étudiants rassemblés pour s’organiser, les menacent et tentent d’empêcher les votes en débranchant le micro. Après l’Assemblée générale, le groupe en question attaque plusieurs occupants, lance une première bagarre, et suit même des étudiants mobilisés jusqu’à chez eux. A 20h, le doyen appelle la préfecture pour exiger l’intervention de la police pour déloger les occupants, mais le préfet refuse. Aux alentours de minuit, un groupe d’une vingtaine de personnes cagoulées et armées de taseurs et de planches de bois débarque dans l’amphithéâtre et frappe les occupants dont plusieurs finissent en sang. Trois d’entre eux passeront la nuit à l’hôpital.

Le rôle du doyen et de l’administration de la fac de droit

Au moment de l’attaque, toutes les portes de l’université étaient fermées à clé, à l’exception de la porte principale où étaient situés plusieurs occupants, qui témoignent que le groupe n’est pas entré dans l’amphithéâtre par cet accès. Ce constat implique donc que l’un des membres de l’administration de la fac de droit a ouvert une des portes au groupe d’extrême-droite armé. Les occupants témoignent même que le doyen en personne, accompagné d’un chargé de TD, aurait ouvert la porte de l’amphithéâtre au groupe et assisté à l’attaque passivement. La sécurité ne s’interpose pas et certains membres de l’administration applaudissent même le tabassage des occupants. Deux professeurs de droit à visage découvert sont reconnus dans le groupe d’extrême-droite. Les occupants se font éjecter de la fac, tandis que le personnel de la fac et les agresseurs s’enferment à l’intérieur. La police arrive, encercle l’établissement mais n’interpelle personne.

Au lendemain de l’agression, le doyen de la faculté Philippe Pétel déclare sur France 3 que les agresseurs étaient des étudiants de la fac : « Ils ont voulu se défendre et je ne peux pas les en blâmer. […] Je les approuve totalement […] Je suis fier de mes étudiants. » Un rassemblement réunissant 1500 personnes à Montpellier et le scandale médiatique obligent vendredi 23 mars Philippe Pétel à démissionner, mais sans être radié ce qui signifie qu’il pourra toujours exercer en tant que professeur de droit. Le professeur de droit civil et celui d’histoire du droit qui ont été identifiés sont quant à eux toujours en poste.

La collaboration de la police et l’hypocrisie du gouvernement

Alors que face à la médiatisation de l’affaire, la Ministre de l’enseignement supérieur Frédérique Vidal s’est vue forcée à réagir en ordonnant une enquête de l’inspection générale, cette posture n’est qu’hypocrisie. En effet, d’une part les témoignages des étudiants accablent la police : « Ils sont sortis par la sortie de secours, et les policiers les entouraient, comme une escorte de ministre. ». Un article publié sur un site d’extrême-droite revendique même le rôle qu’a joué la police ce soir-là : « Le doyen de la fac et les vigiles de l’université ouvrent le chemin à une quinzaine de costauds, cagoulés, planches de bois et barres de fer en mains […]. Le commando est ensuite aimablement raccompagné vers la sortie, remplacé par quelques policiers ». La police a donc été complice de cette attaque, tout comme le gouvernement et la justice qui, alors qu’ils n’hésitent pas à réprimer des manifestant et des syndicalistes, n’a pour le moment rien ordonné concernant le commanditaire de l’attaque, Philippe Pétel.

Surtout, face à la commotion et à l’impact médiatique de l’agression filmée et relayer sur les réseaux sociaux, mais surtout face aux mobilisations, le gouvernement à été obligé de lâcher très rapidement le doyen de l’université. Une mobilisation contre la répression des étudiants mobilisés ou depuis plusieurs semaines ce sont des centaines d’étudiants, qui lors des occupations de facs se font déloger de façon extrêmement violente par d’autres hommes cagoulés, mais qui eux détiennent le monopole de la violence légitime : les policiers. Que ce soit dans les universités de Dijon, Grenoble, Bordeaux, Nantes, à Toulouse ou encore lors des rassemblements de soutien à Paris, Rennes, Toulouse, Lyon, ou Lille l’Etat n’a pas hésité à réprimer la mobilisation naissante par la matraque et les gaz lacrymogènes.

Qui est ce groupe d’extrême-droite, et pourquoi est-il passé à l’acte ?

Selon les informations que détiennent les camarades agressés, le groupe d’extrême-droite qui les a attaqués serait composé de professeurs de droit et de chargés de TD dont certains sont connus pour revendiquer des positions royalistes. Ils ne seraient pas liés à un groupe organisé et public, mais plusieurs organisations présentes à Montpellier telles que La Ligue du midi ou Génération Identitaire auraient d’ores-et-déjà profité de l’attaque pour afficher leurs positions d’extrême-droite réactionnaires au grand jour, à l’image du rassemblement qui a eu lieu ce lundi matin devant la fac de droit et de sciences politiques de Montpellier rassemblant une centaine d’étudiants à l’appel de la page Facebook « Je suis Pétel », pour dénoncer le blocage de la fac (alors que celle-ci n’est pas bloquée mais fermée administrativement). Parmi-eux ont notamment été identifiés Joan Tessier, leader de Génération Identitaire ainsi que Martial Roudier, membre de la Ligue du midi, condamné pour avoir poignardé dans le dos un militant antiraciste.

On pourrait s’interroger sur les raisons qui ont encouragé ces franges organisées de l’extrême-droite à passer l’acte. Durant l’entre-deux-tours, les grands médias nous expliquaient qu’il fallait voter Macron pour éviter que l’extrême-droite soit au pouvoir et que des milices agissent au grand jour, mais c’est bel et bien Macron et son gouvernement qui appliquent des politiques ultra-répressives dignes du FN. Entre la traque aux migrants organisée par Gérard Colomb, la loi asile-immigration, l’intégration de l’Etat d’urgence dans le droit commun et la répression que subissent les étudiants mobilisés contre la sélection depuis plusieurs semaines, c’est la politique de Macron qui en définitive encourage ces groupes à sortir du terrier, se sentant les mains libres pour attaquer des étudiants mobilisés. La surenchère répressive du gouvernement est donc en partie responsable de cette attaque, et c’est bien « Ni Le Pen, ni Macron » qu’il faut scander pour que ces milices fascistes ne se sentent pas libres d’agir contre nos camarades.

Face aux attaques des fachos, organisons nous-mêmes notre défense

Cette attaque montre une nouvelle fois que pour nous défendre nous ne pouvons ni compter sur la police, ni sur des présidents d’universités qui laissent entrer des fachos dans nos universités pour nous tabasser, ni sur une justice qui laisse impuni le doyen et les professeurs qui ont mené l’attaque, et qui dans le même temps condamne tous les jours des militants syndicalistes. Ni même sur un gouvernement qui « promet une enquête » alors que dans le même temps il réprime les rassemblements de soutien à Montpellier. Face à la répression, qu’elle vienne des fachos ou de la police, nous devons poser la question de l’autodéfense et commencer à nous organiser pour les prochaines semaines à venir dans les différentes occupations de fac en France.

A l’université Paul-Valéry de Montpellier, depuis le 22 mars, les étudiants bloquent en soutien à la fac de droit et de sciences politiques et pour exiger le retrait du plan étudiants et de toutes les attaques austéritaires de Macron. Ce lundi, un comité de mobilisation a réuni entre 150 et 200 étudiants, et ce mardi une Assemblée Générale est organisée pour discuter de toutes ces questions, et décider d’un plan pour gagner contre l’université de Macron et son monde.


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