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Vous avez dit « émancipation » ?

Plus de matraques et de flics : les mesures pour la banlieue dévoilées par Macron

Rarement on aura fait discours plus long pour si peu, au final. Une heure et demie devant un parterre de journalistes et d’élus triés sur le volet pour faire la claque du président et pour annoncer, au final, que la lutte contre le trafic de drogue sera au cœur des préoccupations du gouvernement, d’ici à juillet prochain, et que 1300 policiers seront déployés dans 60 quartiers, d’ici à 2020. Voilà ce qui s’appelle, pour Macron, « construire une politique d’émancipation ».

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Crédits photo : ELIOT BLONDET-POOL/SIPA

Jean-Louis Borloo faisait la tête, ces derniers temps, et il a sérieusement tiré la gueule, comme il sait si bien le faire, ce mardi, alors que Macron s’apprêtait à dévoiler son « cap » pour les banlieues. Car il n’y aura pas, en effet, de nouveau « Plan Banlieues » et le président ne compte pas suivre une seule des recommandations faites par l’ancien ministre de la ville et consignées dans le rapport qu’il a remis à Édouard Philippe, fin avril.

Le texte en question, un compendium de fausses-bonnes idées concoctées par « le plus social des hommes politiques de droite », ancien ministre de Chirac et de Sarkozy n’était, semble-t-il, pas assez à droite pour Macron. Et, surtout, Borloo exigeait des sous pour mettre en place ses mesures. Ainsi, pour les 6 millions de personnes habitant dans les 1300 quartiers considérés comme « banlieues », il n’y aura que quelques « mesures » et pas de « Plan ». Et, surtout, des matraques en plus.

Tombant à pic, les tirs essuyés par deux équipes de la BAC, à Marseille, dans le quartier de la Busserine, lundi soir ont servi de prétexte à Macron pour donner le ton : si la solution ne passe pas par un énième « plan » (trop vieillot, selon l’Élysée), il y a bel et bien avant tout un « problème » et une « exigence » de sécurité. Là-dessus, le président sait fait dans le cliché éculé. « Dans nos quartiers, a dit Macron, il y aussi de la violence, des choses qui ne vont pas et c’est explosif ».

Pour résoudre tout cela, quoi de mieux que de déployer 1300 policiers supplémentaires d’ici à 2020 et de promettre un vaste plan de lutte contre le trafic de drogue, Macron ayant rappelé son opposition à toute légalisation du cannabis. Par ailleurs, puisque drogue, violence et communautarisme (islamiste, bien sûr) vont toujours de pair dans le discours gouvernemental, les maires auront désormais le droit de savoir quels sont les habitants de leur commune qui sont ont un « fichier S ». On doute que cela fasse avancer quoi que ce soit, mais c’est un nouvel outil de stigmatisation et d’instillation de la peur qui est mis à disposition des politiques.

Niveau « social », on promet, pêle-mêle, « 10 % des heures travaillées » avant, pendant et après les Jeux Olympiques de Paris 2024 (qui se tiendront avant tout en banlieue, plus que dans la capitale) réservées à des jeunes de quartier ; l’énième opération de « testing » pour lutter contre la discrimination à l’embauche, et « 30 000 places en stage » réservées aux élèves de 3ème qui n’en trouvent pas. Même les plus critiques du « Plan Borloo » car trop coûteux, et proches de LREM, chez les élus de banlieues, n’ont pas caché leur étonnement et leur déception.

« Circulez, il n’y a rien à voir ». C’est ainsi que Macron aurait pu finir son allocution. Mais comme il ne sait pas faire court et qu’il aime les formules ronflantes, il a même réussi à qualifier le tout de « politique d’émancipation ». Autant de condescendance que sous Sarkozy, lorsque l’on promettait de passer les banlieues au karcher. Aujourd’hui, Macron les passe sous silence avant de les passer à la matraque.


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