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Casse de la psychiatrie

Personnels psychiatriques révoltés : grèves et manifestations pour “des soins plus humains”

Ce mardi, de nombreux rassemblements de personnels psychiatriques en grève ont eu lieu à Rennes et à Paris après que la profession ait été secouée par plusieurs luttes ces derniers mois, comme le campement installé devant Pinel à Amiens, une grève de la faim à Rouen et l’occupation du toit des urgences psychiatriques au Havre.

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Crédit photo : Philippe LOPEZ / AFP

Cela fait quelques mois que les médecins, infirmières et autres personnels des établissements psychiatriques se mobilisent. Le collectif “Pinel en Lutte”, à l’origine d’une grève à l’hôpital Philippe-Pinel d’Amiens, a appelé à un rassemblement Place de la République à 11h, avant une marche en direction de l’Assemblée Nationale. Plusieurs collectifs et syndicats ont répondu à l’appel, notamment “la Psychiatrie parisienne unifiée”, les syndicats de psychiatres (SPH, USP), Sud Santé et la CGT. Le collectif « Pinel en Lutte » a déclaré être “renforcé par cette convergence des luttes”.

Toutes et tous réclament les mêmes choses. Comme il est relayé dans Le Figaro, ils réclament plus d’effectifs pour “des soins plus humains” et veulent “alerter la population de la situation dramatique de la psychiatrie publique”. Les manifestants dénoncent le nombre trop faible de personnels (“deux infirmiers pour trente patients”) ainsi que la “dynamique industrielle” qui a comme seul objectif celui de faire sortir les patients le plus vite possible pour libérer des lits au risque de les voir revenir “parce que le travail de fond n’a pas été fait”.

La diminution du nombre de lits de psychiatrie générale à l’hôpital, 60% entre 1976 et 2016 selon l’Igas, n’a pas été compensée par l’augmentation des moyens en ville, où les centres médico-psychologiques sont saturés, tandis que les besoins s’accroissent. Les psychiatres, mal répartis sur le territoire, fuient l’hôpital public, où « 30% des postes de PH (praticiens hospitaliers ) sont vacants », explique le président du SPH, le docteur Marc Bétremieux, sur LCI.

Le collectif “Pinel en lutte” affirme qu’il y a aujourd’hui, une absence de parole, considérée comme le premier outil d’un hôpital psychiatrique. Il y a un recours plus facile aux médicaments qu’à la médiation thérapeutique : un exemple, un projet de potager a été refusé par manque de budget. Comme l’affirme la psychologue Isabelle Basset sur France Bleu bien décidée à manifester malgré l’obtention de 30 postes supplémentaires dans son établissement au terme d’une grève qui a duré sept mois : “On ne soigne pas un schizophrène comme on soigne une jambe cassée, ce n’est pas quantifiable”. « On veut suffisamment de personnels pour pouvoir écouter les patients et éviter des situations dramatiques où l’on se retrouve contraint de les enfermer, de les contentionner », ajoute Oriane Cayard, infirmière au GHU Paris psychiatrie et neurosciences. « Quand j’ai commencé en psychiatrie il y a 14 ans, les conditions n’étaient déjà pas top, mais je connaissais les patients, ils me connaissaient, j’arrivais à anticiper les situations de crise. Maintenant on n’arrive plus à retenir leur nom de famille », déplore-t-elle.

Le professeur Antoine Pelissolo déclare au Figaro : “Les personnels ont l’impression d’être là pour donner des médicaments et faire du gardiennage, en contradiction avec leur vocation ». Les praticienshospitaliers veulent accueillir et soigner les patients dignement. Les mobilisés critiquent aussi les délais d’attente importants pour des consultations ou le manque de places d’hébergement dans les centres médico-sociaux, ce qui contribue à l’encombrement des services.

Un autre problème posé est l’inégal financement des hôpitaux en fonction des régions, 120 psychiatres dans un courrier à Agnès Buzyn, ministre de la Santé, alertent sur les budgets dédiés qui ne sont pas toujours intégralement alloués aux services psychiatriques des hôpitaux généraux et universitaires.

La ministre a elle-même qualifiée la psychiatrie de “parent pauvre de la médecine” et a déclaré qu’elle manque d’attractivité et d’effectifs. Les professionnels sont déçus par la feuille en route sur la santé mentale présentée par la ministre en juin ; selon eux, la rallonge de 50 millions d’euros est “une paille”, très loin des besoins d’une discipline “en état d’urgence républicaine”, affirment l’UPS et le SPH.

Cette journée de grèves et de manifestations est un fruit de mois de mobilisations. En mai, sept soignants de l’hôpital du Rouvray, près du Havre, se sont lancés dans une grève de la faim et durant l’été, sept soignants sont montés sur les toits pour se faire entendre, ce qui a donné lieu à la création du collectif “Perchés du Havre”.

Après plus de 2 mois de mobilisations des Gilets Jaunes, les blouses blanches doivent se lier aux mouvements et porter leurs revendications, qui rentrent en parfaite adéquation avec la question de la vie chère, des manques de moyens et de la désagrégation des services publics et contre le gouvernement et la politique menée par Macron.


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