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Vous avez dit antisystème ?

L’Italie en récession : les fausses promesses du gouvernement au grand jour

Ce jeudi, l'Istat (Institut National des Statistiques) a annoncé le dernier rapport de variation du PIB italien : il est à -0,2%, ce qui fait de l'Italie le seul pays dans l'Union Européenne à être aujourd'hui en récession. Ces chiffres révèlent au grand jour, encore une fois, après avoir cédé sur le budget de déficit avec Bruxelles, que le gouvernement italien qui tablait sur une croissance de 1,5%, va devoir effectuer des coupes budgétaires dures pour le résoudre. Tout cet enfumage montre qu'il n’est du tout « antisystème » comme il le prétendait, et joue le jeu néolibéral dans les règles de l'art, rassurant les investisseurs et la cour de Bruxelles.

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« L’Italie est à la veille d’un nouveau boom économique » promettait Luigi Di Maio au début de l’année 2019. C’est au contraire une douche froide que vient de prendre le gouvernement italien après l’annonce de l’Istat (l’Institut national des Statistiques) qui a publié le dernier rapport de variation du PIB italien : celui-ci a reculé de 0,2% au quatrième trimestre après une baisse de 0,1% au troisième trimestre, ce qui fait de l’Italie le seul pays de l’Union Européenne en récession. Celle-ci, qu’on définit "technique", ce qui veut dire que le pays a vu son PIB reculer consécutivement pendant deux trimestres, surgit après une timide croissance économique. L’Italie n’avait pas connu de récession depuis 2014. L’économie n’a toujours pas retrouvé son niveau depuis la crise de 2008. La Banque d’Italie et le FMI avaient, avant l’annonce de ce jeudi, abaissé leurs pronostics de croissance cette année à 0,6%, soit moins de la moitié du rythme prévu pour la zone euro. Certains économistes envisagent même qu’elle ne dépassera pas 0,1% sur la base de l’annonce de l’Istat ce jeudi.

Ce sont donc des résultats bien loin des 1,5% de croissance que promettait le gouvernement italien et sur laquelle il se basait pour composer son premier budget. Un fardeau qui rend encore plus difficile, si ce n’est quasiment impossible, de remplir l’objectif de croissance fixé par le gouvernement.

L’heure est donc aujourd’hui à la chasse aux coupables : pour Luigi Di Maio, chef de file du Mouvement 5 étoiles et vice-premier ministre en coude à coude avec Salvini (Ligue du Nord), la responsabilité est celle du précédent gouvernement de Paolo Gentiloni "qui nous a menti en nous disant que nous étions sortis de la crise. Nous sommes en train d’inverser la tendance " comme le premier ministre Giuseppe Conte qui annonce une reprise au second semestre 2019. Celui-ci ajoute qu’il s’agit simplement d’une "contraction qui était dans l’air, les analystes la pronostiquaient et elle est liée à des facteurs externes à notre économie" et Giovanni Tria, le ministre de l’économie de surenchérir que la chute du PIB "était prévu et a été déterminé par le cycle économique européen". En effet, l’accusation rebondit sur Bruxelles : le gouvernement n’a pas l’air d’arriver à se mettre d’accord sur qui est le coupable, et semblent peu cohérents entre eux, à l’image des tensions de plus en plus présentes qui traversent ce gouvernement issu, à l’origine, d’une coalition (entre le M5S et la Ligue). La seule chose que l’on peut retenir, que traduit ces confusions que font les différents visages de l’exécutif italien que ce soit Di Maio, Salvini ou Conte, c’est qu’il devient de plus en plus compliqué pour eux d’admettre que toutes leurs promesses tombent en éclats.

Alors que chacun de leur côté Di Maio et Salvini sont déjà dans les startings blocs pour la course aux élections européennes, comme on peut le voir avec leurs déclarations opportunistes de soutien aux Gilets Jaunes ces dernières semaines, leurs projets et leurs promesses semblent être seulement de l’air brassé à vide, et cela est démontré d’autant plus après l’annonce de la récession du pays. Ce discours qui fait croire que le gouvernement œuvre pour "les plus démunis", est contredit également par son recul face à Bruxelles sur le budget du déficit rassurant les exigences de l’Union Européenne, et se pliant donc, au même plan néolibéral alors que c’est celui-là même qu’il disait combattre. Ce budget prévoit des coupes budgétaires de 7,5 milliards d’euros qui portent un coup aux deux réformes phares du gouvernement italien – le revenu universel et la contre-réforme des retraites. Derrière le vernis social de ces réformes, se cache en fait la même logique d’austérité qui demande de plus en plus aux italiens de se serrer la ceinture : le revenu universel sera soumis à des conditions très strictes, tandis que la contre-réforme des retraites, la fameuse "quota 100" de Salvini, est en fait synonyme d’un "travailler plus pour gagner moins".

En fin de compte, ces plaidoiries soi-disant "antisystème", comme de l’autre côté de l’échiquier politique avec l’expérience de Syriza en Grèce, c’est qu’elles sont en fait le miroir des politiques néo-libérales et se complètent tout à fait. On peut imaginer le même scénario si Marine Le Pen, alliée de Salvini et d’Orban, parvenait au pouvoir en France. La seule réponse à ces politiques néolibérales, et pour faire reculer Macron, c’est la mobilisation massive du monde du travail et de la jeunesse, comme a pu le démontrer les mobilisations en Hongrie contre le régime d’Orban, et à une échelle plus massive, celle des Gilets Jaunes qui sont dans la rue depuis maintenant plus de deux mois.

Crédit photo : Aris Oikonomou / AFP/Archives


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