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Quand les « invisibles » deviennent indispensables

Grève des éboueurs : si Bordeaux pue, c’est la faute au gouvernement !

Tous ces philosophes et politologues médiocres de la bourgeoisie qui, avec Fukuyama nous annonçaient vers les années 1990, « la fin de l’histoire », la fin de la lutte de classes, le triomphe définitif du capitalisme et de l’idéal de la démocratie libérale ont bien du mal à défendre leurs énonciations en ce moment turbulent de la lutte de classes en France. La grève des éboueurs de Bordeaux qui s’étend depuis plus d’une semaine, dans la continuité de ceux de Paris, de Saint-Etienne et de Marseille sont là pour rappeler la place indispensable et stratégique qu’occupent les travailleurs, et en particulier ceux qui occupent les positions les plus méprisées, pour faire tourner l’économie. Correspondant

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Bordeaux sous les déchets

La grève des éboueurs de Bordeaux, dans le cadre plus général de la lutte contre la loi El Khomri, ne fait que confirmer le rôle central de la classe ouvrière et des salariés dans l’économie du pays.

Les rues de Bordeaux puent, les poubelles s’entassent, transformant la ville en une décharge à ciel ouvert. Des montagnes des sacs poubelle, un tapis de détritus en toute sorte, les odeurs nauséabondes, les rats et la vermine envahissent la géographie urbaine de la belle ville de Bordeaux.

La fête de la musique ainsi que la fête du vin n’ont fait qu’augmenter la quantité des ordures avec l’affluence des visiteurs. A la veille du match Allemagne-Italie pour l’Euro 2016 Bordeaux sent bon et les éboueurs, ces travailleurs si méprisés par une société qui prône le succès et la réussite, sont priés de revenir à la rescousse.

L’utilité sociale, la vraie !

Le métier des éboueurs, mal connu et mésestimé, est un métier à risque, les accidents sont nombreux malgré le fait que les conditions de travail se soient améliorées au fil du temps, « Le nombre d’accidents du travail pour 1000 salariés dans le traitement des déchets ménagers est plus de 2 fois supérieur à la moyenne nationale », selon l’Institut National de recherche et de sécurité (INRS). Les accidents sont notamment dus à la présence d’objets coupants ou de produits toxiques dans les poubelles, à la circulation dans les rues ou encore aux maniements des objets lourds (armoires, lits, etc.) que laissent les habitants dans les rues ». L’espérance de vie des éboueurs est plus réduite que la moyenne du fait que les tournées et collectes sont souvent épuisantes : on doit monter et descendre du camion, courir après lui de manière incessante et en respectant une cadence élevée.

Avec cette grève des éboueurs nous voyons bien à quel point ces agents de la propreté sont indispensables à l’hygiène de nos villes et notre société.

Revendications spécifiques dans un contexte de lutte

Les éboueurs demandent une revalorisation du 10% du salaire et dénoncent le manque des effectifs. Ils réclament des négociations sur l’organisation du travail, principalement sur les remplacements de départs à la retraite, mais aussi des avancées sur les conditions de prise en charge de la complémentaire santé, et des indemnités compensatrices des repas, le renouvellement du matériel vétuste, l’arrêt du recours accru à des entreprises sous-traitantes, et d’une politique managériale qui remplace des salariés par des intérimaires en contrats CDD à la semaine.

Les éboueurs de Bordeaux Métropole de la Rive Gauche, ont commencé une grève le lundi 20 juin. Ils ont été rejoints par le service propreté mercredi qui eux ont le statut de fonctionnaires. Chez Veolia Propreté Aquitaine, entre 60 et 70% des 433 ouvriers sont rentrés en grève dès le 13 juin et ont réalisé des opérations de blocage. Ce n’est pas du tout évident de comprendre le système du maintien de la propreté de la ville de Bordeaux. Pour la collecte des ordures ce sont les fonctionnaires de la Métropole qui s’en chargent, et en Rive Droite la collecte est gérée par des entreprises privées (Veolia). Dans la métropole de Bordeaux dans son ensemble les entreprises privées sont nombreuses à gérer la collecte et le ramassage des déchets (Azura, Derichebourg, Nicollin, Suez, parmi d’autres). Les actionnaires de ces entreprises privées gagnent des fortunes payées par l’État et les contribuables, tandis qu’ils exploitent les ouvriers en leur payant des salaires de misère pour ce pénible et si nécessaire travail. Le capitalisme transforme tout en marchandise, même les ordures. Tout sert à gagner de l’argent avec la connivence de l’État.

Juppé, « casseur » de grève

Ce mercredi matin, la mairie et la Chambre de Commerce et de l’Industrie ont fait appel à des entreprises privées pour déblayer les ordures du centre de la ville. Dans ce cadre, Alain Juppé, exalté par la contestation de ces ouvriers irrévérents a fait ça petite crise des nerfs, laissant échapper la phrase « Ce n’est pas du syndicalisme, c’est du hooliganisme ! ».

Juppé n’a pas de honte quand on sait que la masse de supporter présente dans la ville a grandement contribué à accélérer entassement des déchets… Sa comparaison hors sujets n’a qu’un seul but, celui de délégitimer la grève des agents de la propreté de Bordeaux qui passent leurs vies à nettoyer cette ville et non pas à la salir.

Mais ces travailleurs silencieux, que l’on voit peu, qui font que nos villes brillent tous les matins sont bien décidés à se faire entendre.


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