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Grève SNCF

Après la « journée sans cheminots » du 14 mai, construire une grève qui gagne en puissance

Le 22 mars dernier, la mobilisation cheminote démarrait en trombe, les taux de grévistes faisant redouter au gouvernement un nouveau 1995. Presque deux mois plus tard, pour la 18ème journée de grève sur le calendrier de la grève « perlée », les taux de grévistes étaient en hausse et presque similaires aux chiffres de début avril. Si la colère ne retombe pas, les questionnements sur la stratégie à adopter pour faire retirer le pacte ferroviaire sont plus que jamais d’actualité. Après une « journée sans cheminots » réussie, quel plan pour que les belles journées de mai soient celles d’une avancée vers la victoire ?

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Presque deux mois plus tard : la radicalité des cheminots toujours au rendez-vous

La « journée sans cheminots » du 14 mai aura été celle d’un rebond pour la mobilisation cheminote. Un rebond d’autant plus important qu’il se fait aujourd’hui après presque deux mois de grève. Le 3 avril dernier, le taux de participation à la grève était de 33,9%, ce 14 mai il atteint 27, 58%. Quand les conducteurs étaient 77% à être en grève le 3, ils sont 74,3% le 14, et dans certains corps de métiers, les chiffres sont même en augmentation : 74,3% chez les contrôleurs pour la « journée sans cheminots » contre 69% le 3 avril. Les cheminots restent donc mobilisés.

L’un des éléments centraux qui explique cette mobilisation est à chercher du côté de la « bombe » dévoilée par le Parisien quelques heures avant la mobilisation du 14 mai. Ce fameux document qui a fuité à l’issue d’une réunion des hauts cadres de la compagnie ferroviaire et dans lequel est exposé clairement la volonté de la SNCF de tout privatiser.

A ces taux de grévistes en hausse, s’est ajoutée une radicalité sans précédent. Lors de cette « journée sans cheminots », les cheminots ont multiplié les piquets de grève, les actions de convergence avec les étudiants occupés à l’annulation de leurs partiels, les actions symboliques (pique-nique devant la maison de Pépy), ou encore des envahissements de voies…

Une radicalité contre laquelle la SNCF affiche une « tolérance zéro ». Dès le lendemain, l’entreprise a décidé de porter plainte contre une « cinquantaine d’incidents ». En réalité, depuis début mai, la SNCF envoie des huissiers dans les assemblées générales, sur les sites, ou encore lorsque se tiennent les rendez-vous intergares pour « constater les actes de malveillance et réquisitionner rapidement les forces de police ». Des forces de police qui depuis le début de la grève ne sont jamais loin et n’hésitent pas à réprimer violemment les cheminots comme le 7 mai dernier à la gare Montparnasse.

Ce 14 mai les cheminots ont donné leur réponse au référendum : c’est toujours non !

Ce lundi s’ouvrait aussi à 10 heures le « vote-action » initié par les syndicats. Une consultation des 147 000 salariés invités à dire s’ils sont « pour ou contre le pacte ferroviaire porté par le gouvernement ». Des urnes ont donc été installées dans les différentes assemblées générales et seront ouvertes jusqu’au 21 mai 10 heures quelques jours avant l’examen de la réforme au Sénat.

Pour la CGT-cheminots, il s’agit d’une nouvelle « modalité d’action » pour « rentrer en contact avec les cheminots » et surtout pour que la direction de la SNCF cesse « de dire que les cheminots soutiennent sa réforme ». Pourtant, comme on l’écrivait le 11 mai, « la question qu’il faut se poser maintenant n’est pas tant sur le rejet ou non de la réforme, puisque cette question est déjà tranchée depuis longtemps ». Les taux de participation à la grève ce lundi 14 mai l’ont prouvé, une fois de plus.

De même, la présence à nouveau en hausse dans les assemblée générales (250 à Paris Nord, 150 à Saint-Lazare) et dans la rue, montrent que le travail est de convaincre les cheminots de venir en AG et de participer aux échéances de rue, afin de construire le rapport de force.

Une « journée sans cheminots » réussie grâce à la méthode de la grève et à l’auto organisation des cheminots

Ce sont les syndicats qui avaient appelé à cette « journée sans cheminots ». Une journée « sans cheminots » et « sans trains » qui est en réalité une journée où les cheminots se sont rendus visibles - actions, manifestations - et ont utilisé leurs outils d’auto-organisation et de prise de décision collective – piquets de grève, AG, réunions intergares – pour en faire une belle réussite.

Ainsi, par exemple, en région parisienne, les cheminots qui s’étaient rassemblés en réunion intergares le 9 mai avaient décidé d’organiser une manifestation, non prévue par l’intersyndicale initialement, pour ce 14 mai. Une manifestation qui a permis aux cheminots de se rendre visible et de converger dans la rue avec d’autres secteurs mobilisés comme les étudiants. A Paris, comme dans d’autres villes, les cheminots auront fait parler d’eux.

Ce sont ces journées de grève, seules capables de bloquer l’économie durablement, et lors desquelles les cheminots s’auto-organisent entre eux pour décider ensemble de la suite de leur mouvement qui effraient le gouvernement. De fait, quand les cheminots s’emparent de la méthode de la grève et de leurs outils de lutte et de coordination (AG, rencontres intergares, manifestations…), le gouvernement entend. Preuve en est, le lendemain, mardi 15 mai, Elizabeth Borne, ministre des transports, annonçait que l’incessibilité du groupe serait inscrite dans la loi

Construire le 22 mai

Mais alors que le gouvernement reste inflexible sur les points centraux de la réforme, et que les organisations syndicales sont prêtent ou envisagent d’amender ou de négocier, comment faire pour que le mois de mai ne soit pas l’addition d’une poignée de journées de grève (ou parfois juste de mobilisation) en plus ? Pourquoi ne pas chercher plutôt à multiplier les journées comme celle du 14 ?

D’ores et déjà des dates sont annoncées : celle du 22 mai, date de mobilisation dans la fonction publique, le 23 et le 24 mai sur le calendrier de la grève « perlée », et enfin le samedi 26 mai, une journée de mobilisation le weekend appelée par la France Insoumise et à laquelle participeront la CGT et plusieurs organisations. De son côté, l’intersyndicale a pour le moment appelé au 22 mai sans appeler à la grève, et le 26 mai, un samedi, n’est pas pensé comme une journée de grève cheminote.

A Paris Nord, en réponse à ce calendrier, les cheminots réunis ce 14 mai ont écrit dans une motion votée en AG interservices ce lundi : « si nous voulons gagner ce combat, nous ne pouvons pas nous contenter de quelques grosses journées au milieu d’un mois de grève. Il nous faut une grève qui gagne en puissance, qui dépasse le cadre de la SNCF (…) ». Dans ce sens, ils ont appelé à un « durcissement de la grève » interpellant les fédérations cheminotes qui pour certaines veulent proposer des amendements (CFDT, UNSA) ou pour d’autres restent sur la stratégie de la grève perlée (CGT), et ont proposé la reconduction du mouvement dès le 24 mai pour aller chercher la victoire.

La motion, votée ensuite à la réunion intergares de région parisienne,demande également aux fédérations cheminotes d’appeler à la grève et à la manifestation le 22 mai pour se joindre à la fonction publique et taper ensemble sur leur même adversaire : le gouvernement, qui s’attaque aux services publics. Une journée qui s’annonce être une journée clé. D’autant plus qu’est prévu après la manifestation, une rencontre nationale intergares invitant des délégations de cheminots de toutes les villes à venir se rencontrer à Paris. L’ébauche d’une coordination nationale qui pourrait être un outil central pour construire un rapport de force à l’échelle nationale à même d’obtenir le retrait du pacte ferroviaire.

Crédits : LouizArt


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