×

Nouveau blessé

Acte IX à Strasbourg. Lilian, 15 ans, à l’hôpital après un tir de flashball au visage

Les photos du jeune Lilian, blessé par un tir de flashball au visage à Strasbourg ont fait le tour des réseaux sociaux. Depuis samedi, les témoignages affluent pour raconter comment cet adolescent a subi les dommages collatéraux de la répression ultra-violente des gilets jaunes.

Facebook Twitter

Samedi, une vidéo d’un jeune homme blessé à la mâchoire fait le tour des réseaux sociaux. Alors que la police réprimait la manifestation des gilets jaunes, l’adolescent a reçu un tir de flashball au visage.

A France Info, la mère de l’adolescent raconte l’état de son fils. « Il a des broches partout , il a passé six heures au bloc. Il souffre d’une fracture de la mâchoire et ne peut pas parler. A l’hôpital, on m’a clairement dit que ses blessures avaient été causées par un tir de Flash-Ball. Je suis inquiète pour la suite : il devrait sortir vendredi prochain mais après ? Six semaines sans école ? Gardera-t’il des séquelles ? ».

« La police laisse entendre que mon gamin faisait partie des manifestants, des casseurs. C’est totalement faux. Il était parti acheter la doudoune qu’il voulait depuis longtemps. Une North Face. La preuve : il la porte sur les photos. J’ai même récupéré le ticket de caisse. Je passerai à Go Sport demain pour avoir leur témoignage. Mon fils se promenait, il marchait c’est tout. » précise la mère de la victime qui entend porter plainte pour rétablir la vérité.

Lilian est donc une victime de plus, collatérale cette fois, de la répression ultra-violente qui s’abat sur les Gilets jaunes depuis le début du mouvement. Une répression tous azimuts qui n’épargne personne, et que l’on saisit bien à travers différents témoignages recueillis.

De Strasbourg, une correspondante de Révolution Permanente revient ainsi sur la journée :

Difficile de dire combien nous étions à cette manifestation, mais certainement plusieurs milliers avec un cortège qui s’étoffait le long du parcours, je dirais pour ma part plusieurs milliers autour des 5000, mais je pense que nous sommes en deçà des chiffres réels.

Pour Strasbourg c’est énorme, il faut remonter a très loin pour comptabiliser autant de monde. Nous nous sommes au départ retrouvés place de la république pour formaliser le parcours avec une prise de parole des messagers de chaque rond-point avec une grosse cible : Emanuel Macron, ses sbires, sa politique et beaucoup de colère exprimée.

Le cortège s’est ensuite dirigé vers la Parlement Européen avec des slogans très fort sur la suppression de la CSG, le SMIC, le rétablissement de l’ISF et la taxation des profits. Pas de slogans ou de banderoles pour le RIC, mais de magnifiques banderoles sur les violences policières

La présences des fachos, et surtout ceux du Bastion Social, était visible et gênante d’arrogance, rappelant à tous les militants présents la nécessité de combattre cette présence de l’extrême-droite dans le mouvement.

Il y a eu quelques heurts au niveau du Parlement Européen, mais c’est en voulant se diriger vers le centre le centre-ville où les gendarmes mobiles avaient installer des barrages, que le face à face entre les gendarme et les manifestant a éclaté. Des affrontements ont eu lieu après les charges très violentes des gendarmes. Des barricades ont été dressées avec des poubelles et autres objets trouvés, en y mettant le feu. Après plusieurs heures de heurts violents, la manifestation s’est dispersée.

Par ailleurs, on a appris au cours de la manifestation qu’un jeune garçon de 15 ans avait été blessé à la tête par un flashball, et qu’une femme avait été également blessée a la tête, tandis que 18 manifestants ont été arrêtés.

Sur Facebook, le témoignage de Mike Schneider permet de resituer le contexte de cette mutilation :

Hier, à Strasbourg, durant la manifestation, déclarée et tout ce qui va avec, les brassards blancs pour les GJ en charge de la sécurité et de la coordination, etc. Un de ces brassards m’a parlé de 6000 personnes le matin au plus fort du rassemblement.

L’après-midi, en voulant nous rendre au centre-ville, premier point de blocage vers Les Halles, ça chauffe. La majorité des GJ bifurquent vers la Gare en prenant une rue adjacente, les gaz font leur petit effet. Un poil plus loin, la gare, idem, comité d’accueil, à nouveau un barrage. A force de devoir faire demi-tour, les GJ commencent à se disperser dans les ruelles.

Une masse reste à la Gare et une autre n’a pas bougée des Halles. Un troisième "groupe" est constitué de GJ qui enlèvent leur signe distinctif, passent par les quais et les cours intérieures vers le centre ; la moindre possibilité est exploitée pour entrer en ville et contourner ces murs de CRS débiles. On se faufile, et arrivés à la place Kléber, on remet nos gilets ; l’agitation commence chez les forces de l’ordre, on entend les sirènes, des petits groupes de policiers appellent du renfort.

Nous, postés non loin de la place Kléber, devant une vitrine, on déballe notre banderole pointant les violences policières. Une rangée de camionnettes ne tarde pas à s’arrêter à quelques mètres, 3 ou 4 bonhommes lourdement équipés se dirigent immédiatement vers nous. Nous sommes trois à tenir cette banderole, à relayer aux passants que ce matin déjà, nous avions au moins un blessé à déplorer. Que les violences que nous dénoncions n’étaient pas une vue de l’esprit. La police prend rapidement nos papiers, un quart d’heure plus tard, on nous rend les documents avec confiscation de la banderole ! Je ne sais pas pour quelle raison, sinon que ce qui avait écrit à pu offenser les forces de l’ordre, je ne vois pas autre chose. En gros, dire Stop aux violences, violences policières compris désolé de le dire, est un acte délictueux ? Apparemment.

Déçus, écœurés même, on rejoint le gros du groupe qui avait continuer à grandir sur la Place. La masse décide de faire un tour dans les ruelles autour de la cathédrale puis de revenir au point de départ. On chante, on scande, on tracte, ça se passe bien. Je précise que la totalité des GJ du matin n’étaient pas parvenue à traverser les barrages (moins de la moitié était de ce côté de la ville).

Vers 15h, nous sommes de retour Place Kléber, les GJ se dispersent, c’est un peu le chaos, mais cela reste calme au milieu de la foule Strasbourgeoise. Finalement, ne sachant pas où aller et voyant de moins en moins de jaune autour de nous, on décide de suivre les sirènes de la police, nous revoilà proche de la gare, sur les quais.
A l’approche d’un pont, en longeant les quais, une masse jaune sur un pont à notre gauche, à droite, un nouveau mur de CRS. Des échanges d’insultes, des provocations. Un sapin de noël et une poubelle finissent par brûler. (...) Les policiers répliquent régulièrement avec des fumigènes, les énervés jetaient les cartouches dans l’eau. Personne ne recule. Soudain, peut-être une vingtaine de policiers, brassard orange, habillé en civil foncent sur la masse jaune posté sur le pont, ça se disperse, nous n’avons jamais revu les types aux brassards. Des tirs, des fumigènes finissent de nettoyer les alentours du pont.

"Un jeune noir de 15 ans s’est fait dégommer le visage par un tir"

Un jeune homme se rapproche en se tenant la cuisse ou le genou, il souffre, un tir de flashball. Un autre plus grand, pas moins jeune, se tient la joue, il me parle je ne comprends rien : un jeune noir de 15 ans s’est fait dégommer le visage par un tir. Des GJ s’attroupent autour de lui, les pompiers arrivent très vite. Une marre de sang sur un escalier qui descend sur les quais marque le passage de ce pauvre bougre qui rentrait du centre, ce n’était même pas un manifestant. Un passant défiguré à vie, un trou dans la joue qui cachait sans doute une mâchoire explosée. Quai d’en face, une personne gît sur le sol, c’est le bordel. Les yeux piquent, on est tiraillés entre la colère, la peur et le dégoût.

Les provocateurs ont fui, les passants, eux, se sont fait littéralement défoncer. Qui peut-on bien viser 50m devant soi, dans une telle agitation ? Personne. On se regroupe, nous en avons assez vu, il est 16h30. On retourne au parking, il serait bon d’éviter de se faire tirer comme des lapins, un sac de courses à la main ou les mains dans les poches n’empêchent pas de se faire trouer la peau on dirait.

Bizarrement, c’est en retournant au centre-ville, à quelques centaines de mètres du chaos que l’on est saisis par l’absurdité des événements. De toute la journée, ce samedi de soldes ne m’avait même pas traversé l’esprit. Mais après avoir vu ces scènes extra-ordinaires, je me demande dans quel monde vivent ces gens qui se jettent sur les vitrines, qui s’amassent dans les rayons. (...).

Pour nous transmettre vos témoignages concernant la répression des Gilets Jaunes, ou pour nous faire part des mobilisations ayant lieu dans votre région, nous transmettre récits, photos et vidéos, écrivez-nous par mail à [email protected].


Facebook Twitter
Scandale : l'inspection du travail refuse le licenciement de Christian Porta, InVivo tente de passer en force

Scandale : l’inspection du travail refuse le licenciement de Christian Porta, InVivo tente de passer en force

Grève massive des conducteurs de bus de Montesson et Argenteuil pour les salaires

Grève massive des conducteurs de bus de Montesson et Argenteuil pour les salaires

Pour un 1er mai contre leurs guerres et l'austérité : rejoins les cortèges de Révolution Permanente !

Pour un 1er mai contre leurs guerres et l’austérité : rejoins les cortèges de Révolution Permanente !

Casse sociale chez Casino : plus de 3000 postes supprimés !

Casse sociale chez Casino : plus de 3000 postes supprimés !

Contre la répression de Siham Touazi, la CGT 95 appel à un rassemblement le 7 mai à Pontoise

Contre la répression de Siham Touazi, la CGT 95 appel à un rassemblement le 7 mai à Pontoise

Toulouse. Les ingénieurs de CS Group en grève contre le « flex office »

Toulouse. Les ingénieurs de CS Group en grève contre le « flex office »

Victoire ! L'inspection du travail refuse le licenciement d'Alexandre, délégué syndical à la Fnac

Victoire ! L’inspection du travail refuse le licenciement d’Alexandre, délégué syndical à la Fnac

Éducation : la grève du 22 avril ne peut rester isolée, il faut un plan pour élargir la lutte !

Éducation : la grève du 22 avril ne peut rester isolée, il faut un plan pour élargir la lutte !