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Non aux mensonges médiatiques !

Acte 7 : des milliers de Gilets Jaunes conspuent les médias aux ordres du pouvoir et interpellent les journalistes

Les GJ « en ont marre » des mensonges déversés par les BFM et Cie, champions de la désinformation. Pour éviter la chute, Macron se sert de ses deux bras : les forces de répression pour taper, la presse aux ordres pour désinformer. Aujourd’hui, Les GJ interpellent les journalistes : « descendez ! » leur disent-ils.

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Désinformation et mensonge : les GJ contre attaquent

En vivant de l’intérieur leur propre mouvement et en constatant la campagne de désinformation éhontée dont ils sont victimes, les Gilets Jaunes prennent la mesure de la puissance dont disposent les médias pour taire ou travestir la réalité. Leur rage est double : celle de voir totalement trahie la vérité de ce qu’ils vivent en direct depuis plusieurs semaines, mais aussi, celle, plus générale, de comprendre que les lecteurs et les auditeurs sont tous les jours abusés. Ils sont d’autant plus reconnaissants à la grande majorité de la population de continuer à les soutenir malgré cette virulente campagne de désinformation, mais aussi d’autant plus enclins à interpeller les journalistes.

L’acte VII, a donc été particulièrement marqué, ce samedi 29 décembre, par la volonté des gilets jaunes de prendre pour cible de leur révolte les grands médias nationaux. Un signe de plus de l’élévation du niveau de conscience au fil du mouvement. Alors que des journalistes « bénis oui oui » se sont empressés, dès les premières heures, de se gargariser des « rangs très dispersés » que les gilets jaunes auraient péniblement réussi à mobiliser, plusieurs milliers de manifestants en colère leur ont porté immédiatement un sévère coup de semonce.

Le bal s’est ouvert en milieu de matinée, à Balard, dans le 15ème arrondissement de Paris, par le rassemblement de plusieurs milliers de manifestants à proximité des locaux de BFMTV. « Les journalistes on est là maintenant ! Vous allez devoir répondre de vos actes, de vos mensonges ! » a crié un porte-parole équipé d’un mégaphone.

A Marseille, en milieu de journée, alors qu’environ un millier de gilets jaunes se réunissaient, une équipe de BFM-TV a été expulsée sous les huées.
Au début de l’après-midi, à Balard, le rassemblement auprès des locaux de BFM-TV a pris un cours plus tendu sous la pression des forces de police. Des heurts ont éclaté. Les Gilets Jaunes ayant pris position sur le « rempart » de la petite ceinture, manifestants et flics ont échangé gaz lacrymogènes et tirs de projectiles. Puis les GJ se sont rendus au siège de France Télévision où ils ont été nassés par les forces de l’ordre pendant au moins 30 minutes, avant d’être débloqués.

Macron et les médias au service des mêmes maîtres

La soumission de la presse, de ses informations, de son discours, de ses débats a toujours été déterminante pour le pouvoir, surtout en période de révolte ou d’insurrection. Aujourd’hui où le pouvoir vacille, les médias utilisent tous les moyens, le silence, les mensonges, la censure, la calomnie, pour voler au secours de Macron. Non pas parce que c’est lui. Ils pourraient très bien dès demain matin le jeter aux orties. Mais pour le moment, tant que les patrons des grandes chaînes le considèrent toujours comme un utile représentant politique et n’ont pas décidé de le jeter, ils le défendent inconditionnellement.

Actuellement, le secteur de la presse en France est la proie de quelques milliardaires qui se partagent le gâteau et c’est effectivement eux qui tirent les ficelles. Objets de lucre comme n’importe quel autre secteur d’activité, la presse et la télévision sont en outre et surtout un extraordinaire outil d’influence économique, politique et sociale. Une poignée de potentats capitalistes détiennent 90% des quotidiens, et 55% de l’audience télé. Que dire, dans ces conditions, de l’indépendance des informations et des débats de BFM, TF1, le Monde, Le Figaro et les autres … lorsqu’ils parlent de communication, de défense nationale, de géopolitique, alors que leurs patrons s’appellent Free, Bouygues, Telecom, ou vendent des avions de chasse à l’Etat français.

Les Gilets Jaunes ont donc politiquement raison de dénoncer par leurs rassemblements et leurs slogans le rôle dominant des faussaires de l’information. Ils ont raison de s’attaquer à l’empire des médias.

Au sujet de l’interpellation des journalistes

Pour autant, il convient de ne pas assimiler les professionnels de l’information aux machines de guerre sociale et culturelle que sont les grands médias qui les emploient. « Journalistes collabos », ont scandé ce 29 décembre, plusieurs gilets jaunes devant le siège de France Télévision.

Bien sûr on attendrait de personnes qui font le métier d’information une totale distance et liberté de propos et les Gilets Jaunes sont en droit d’exiger que la vérité ne soit pas travestie. Mais l’autonomie et la liberté de l’information ne vont pas de soi. Ce sont des conquêtes.

Bien sûr, on pourrait escompter que certain.e.s journalistes plus courageux que d’autres s’affrontent à leur propre direction. Ce fut le cas de cette journaliste en reportage direct pour BFM dans les Pyrénées qui accepte de revêtir un gilet jaune et trouve « l’accueil extrêmement chaleureux » avant d’être immédiatement coupée. C’est le cas également de cette journaliste de France 3, coupée en direct pour avoir dit la vérité sur le comportement des forces de l’ordre à l’encontre des gilets jaunes.

Mais la presse ou la télévision sont elles aussi des enjeux de la lutte des classes. La tutelle de l’Etat aussi bien que la domination des groupes capitalistes sont aussi bien l’une que l’autre des fauteurs de censure et des ennemis de l’autonomie et du pluralisme de l’information. Même les réseaux sociaux, qui paraissent des échappées de liberté sont soumis à des empires comme facebook, libre de changer ses algorithmes et de façonner les audiences comme il l’entend.

Il faut se rappeler qu’en mai 1968, sous un régime présidentiel qui avait placé sous sa tutelle la seule chaîne de télévision existante, l’ORTF, le combat des journalistes contre la censure et pour une information « pluraliste » a joué un rôle déterminant. Un véritable bras de fer a été engagé par Pompidou, alors premier ministre, contre les chaînes de radio mais aussi contre une grande partie des journalistes de l’ORTF. Malgré la pression de l’Etat, les journalistes entendaient faire leur métier en toute liberté. Le 14 mai, le magazine Zoom diffuse un numéro entièrement consacré à la révolte des étudiants. Il est suivi d’un débat auquel participent deux membres des syndicats étudiants Alain Geismar et Marc Sauvageot.

Du 17 mai au 23 juin 1968, la grève des quelque douze mille personnels de l’ORTF, à Paris comme en province, a imposé un service minimum de l’audiovisuel, sous contrôle syndical. Techniciens, cadres, réalisateurs ou producteurs, ont tenté de promouvoir ensemble un projet pluraliste et autonome.

C’est peut-être ce salutaire exemple historique qu’il faudrait rappeler aux journalistes pour leur donner la volonté et le courage de se mobiliser tous ensemble et avec les Gilets Jaunes plutôt que seuls pour combattre l’autorité politico-médiatique.


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