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Répression

A Paris (rue d’Aubervilliers), une fresque sur les Gilets jaunes de 300 mètres censurée

La fresque « l'hiver jaune » de 300 mètres de long, rue d'Aubervilliers réalisée à l'appel de Black Lines a été censurée au début de la semaine. De magnifiques œuvres de 25 artistes quasi entièrement recouvertes de peinture grise monotone. Quand l'art questionne et parle de l'actualité, il dérange visiblement le gouvernement. Qu'à cela ne tienne, Black Lines A remis le couvert ce dimanche 24 février pour un « Hiver Jaune II »

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Crédits Photos : Florimages et Marie Christian

A l’heure où le gouvernement essaye par tous les moyens de discréditer le mouvement des Gilets Jaunes qui le met à mal depuis maintenant 15 semaines, et notamment au travers de ses canaux de désinformation que sont les médias « officiels », l’art populaire et libre, dès lors qu’il se met à parler d’actualité politique comme c’est le cas pour les rassemblements « Blak Lines », et ça dérange.

Comme nous l’explique Itvan, un des deux initiateurs de ces rencontres artistico-politiques : « C’est la sixième fois que l’on se fait censurer, mais jamais sur une œuvre aussi grande ». Ce sont en effet 300 mètres de fresque qui ont été recouverts de peinture grise. Une censure pour le moins systémique puisque l’idée des rencontres Black Lines sont précisément nées de la censure de leur première œuvre à caractère politique, quai de Valmy, comme nous le disaient les deux artistes lors de l’interview qu’ils nous avaient accordés à l’occasion du premier « Hiver jaune ». Et la censure ne s’arrête pas là. Itvan continue : « Depuis, plusieurs personnes ayant essayé de peindre dessus se sont fait embarquer par la police ».

En effet, pas encore satisfait d’avoir vandalisé 300 mètres de fresques de 25 artistes se trouvant pourtant sur un mur d’expression libre, le gouvernement utilise encore les moyens publics pour garder des peintres et des vigiles sur les lieux, afin d’éviter que qui que ce soit ne vienne remettre un peu de politique sur nos murs. Pour s’en rendre compte, voici le témoignage de Coralie, travaillant en face de la fresque, choquée par cette censure et qui avait voulu l’exprimer sur le mur.

Coralie Coocow : « ils ont repeint le mur avant même que je sois embarquée ! »

« Je bosse juste en face de ce mur ! Étant, certains collègues et moi, choqués de cette censure, j’avais décidé (pensant que la « liberté d’afficher » signifiait quelque chose) d’aller mettre à midi des inscriptions type « liberté d’afficher sauf pour les GJ et contre les abus de pouvoir », « censure », « propagande ». Et là, un mec de la sécurité me plaque au sol et crie « bouge pas ! ». Bref je lui explique que depuis des années des gens taguent en pleine journée etc, et qu’il y a jamais eu de soucis... visiblement c’en est devenu un depuis qu’ils ont repeint les murs.

Bref, s’ensuit qu’on a attendu les flics 30 minutes ! Que le proprio n’a pas voulu porté plainte, ils ont repeint le mur avant même que je sois embarquée, qu’il m’ont quand même emmenée au poste pour y passer l’aprem ! Certainement pour me « ficher » en tant que GJ et bien me dissuader de quelque récidive que ce soit ! Ils m’ont carrément pris empreintes, photos de profil, de face, de TOUS mes tatouages... tout ça pour finir avec un simple rappel à la loi !

Chaque interlocuteur qui me répétait « mais pourquoi vous avez fait ça ? Vous avez l’air « normale » comme personne »... Et chaque fois je leur répondais « bah si censure il n’y a pas comment expliquez vous la disparition de tous les tags GJ et pas les autres (qui soit dit en passant sont pas vraiment artistiques) ? »

Alors soient ils rigolaient, soient ils me disaient c’est vrai que c’est pas net tout ça... Bref ils m’ont juste fait chier et gardée au poste jusqu’à 16h30 ! 12h-16h30 pour 3 lignes au marqueur sur un mur de Street Art ouvert à tous depuis des années ! Hier matin, une autre personne avait tagué le mur... je les avais prévenu, les gars de la sécu, que je serais pas là seule ! Bingo ! Enfin voilà une histoire toute bête mais bon quand tu sais qu’à 17h depuis des années je vois des gens taguer le mur en toute légalité et qu’on m’arrête pour la même raison, après avoir enlevé toutes traces des GJ sur le mur ! C’est purement de la censure, un point c’est tout ! ».

Ce témoignage montre combien les fresques de Black Lines dérangent le gouvernement, mais aussi à quel point nos libertés sont de plus en plus bafouées. La moindre contestation de la politique du gouvernement occasionne la répression, la garde à vue, mais aussi la matraque, les flashballs et grenades de désencerclement comme nous le voyons depuis le début du mouvement des Gilets Jaunes avec les nombreux blessés. Sous le gouvernement Macron il faudrait se taire... Qu’à cela ne tienne ! Black Lines a organisé ce dimanche 24 février une nouvelle rencontre sur le thème des Gilets Jaunes : « L’hiver Jaune 2 », cette fois rue de la Poterne des Peupliers, dans le 13ème arrondissement de Paris.


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